Attendre, toujours attendre... [Ombre]

[Quiquiveut ? Ben, en tant qu'"assassin" de Nightmare... moi ! ]

La Grande Maison était à la fois, et pas forcément paradoxalement, l'un des endroits les plus mal famés et les plus populaires des bas-quartiers de Requiem. C'était la meilleure adresse pour trouver un couteau à planter entre les omoplates d'un quelconque adversaire, ou pour sentir le froid de l'acier dans son propre dos si on avait la bêtise d'"oublier" de payer les porteur de couteau.

De même, ce n'était certainement pas le meilleur endroit où traîner quand le symbole de Nightmare vous pendait autour du cou.

Non pas que les occupants de la Grande Maison fussent les parangons du patriotisme, prêts à éliminer immédiatement tous ceux qu'ils percevaient comme ennemi de Requiem. En tout cas, pas sans une grosse prime pesant sur la tête dudit ennemi. Le problème, c'était que la majorité des clients venaient bien de Requiem, et qu'ils ne se feraient pas prier pour payer grassement quiconque leur rapporterait la tête du Nightmare imprudent qu'on aurait vu remonter la rue.

Voilà pourquoi Ombre, tout Nightmare qu'il était, n'avait pas subi d'attaque. Lui, on ne le voyait pas remonter la rue. On l'apercevait rarement quand il n'en avait pas décidé ainsi, en fait.

Malgré cela, l'expédition restait dangereuse. La Grande Maison était le seul endroit au monde où l'on trouvait des assassins capables de rivaliser avec lui. Et c'était pour ça qu'il s'y rendait régulièrement : il devait toujours savoir quel genre d'homme ou de femme risquait de se trouver une nuit devant la porte d'Elmère, prêt à enduire de sang la dague brillante qu'il brandissait. Tous ces gens-là, Ombre devait les étudier et apprendre à les contrer. Il connaissait ses compétences : il ne savait faire qu'une chose, éviter d'être vu, et il était sans rival dans ce domaine. C'était pourquoi on l'utilisait pour toutes sortes de tâches d'espionnage, d'infiltration ou, à l'occasion, d'assassinat ; des tâches dont il ne comprenait les implications ni politiques ni morales, mais qu'il accomplissait sans sourciller parce qu'Elmère le voulait.

Le problème, c'était qu'un jour, il risquait de tomber sur quelqu'un qui parviendrait à lui prendre la vie, alors qu'il avait tant lutté pour la préserver. Il faisait tout pour éviter d'être pris au dépourvu ce jour-là ; et c'était pourquoi il s'efforçait de connaître tous les gens sur le marché.

Il poussa la porte de la Grande Maison. L'ambiance usuelle, chargée de bière, de sueur et de haine, une atmosphère qu'il abhorrait. Tout était plus simple quand il vivait dans la nature, ou quand il pouvait se pelotonner près d'un feu dans le palais de Nightmare. C'était la simplicité à laquelle il aspirait ; tandis qu'ici, le mal humain suintait des murs mêmes.

Ombre se glissa dans un coin peu éclairé. Personne ne l'avait vu, et il était de nouveau invisible. De là, il entreprit d'observer tout le monde, les assassins, les clients, les catins, les brigands, les hommes.

Et puis son regard blafard s'arrêta sur quelqu'un. Un homme assis dans le coin de la salle ; un homme qui attendait. Lui était un assassin ; cela ne faisait pas le moindre doute. Ses mains avaient plusieurs fois délivré le coup fatal. Ses yeux avaient plusieurs fois contemplé la vie s'éteindre peu à peu dans ceux de sa victime. Et c'était tout ce qu'il attendait - une nouvelle victime.

Ombre sortit précautionneusement de son recoin.

Il fixait l'assassin. Et son menton se mit à trembler légèrement, et son coeur à battre un peu plus fort.

Cet homme...

Il était dangereux.

Quelque chose clochait. Cherche-Coeur ne savait pas exactement quoi exactement, mais quelque chose n'était pas comme d'habitude. Le travail d'un assassin ne se borne pas à tuer les cibles qu'on lui désigne, il faut aussi savoir déjouer les pièges et les traquenards, sortir de toutes les situations et pour ça, une vue aiguisé et un esprit d'analyse étaient les meilleurs alliés qu'on puisse avoir.

Endaellion parcourut donc la salle du regard afin de détecter ce qui n'allait pas. La salle n'avait pas changé par rapport à la dernière fois et les autres étaient fidèles à eux même : le Duelliste n'était pas là, refusant de se mêler à des rustres n'étant même pas nobles pour la plupart, Veuve Noire le regardait avec son regard habituel, sa position lascive et son corps de succube étant une invitation au pêché de la chair, invitation à refuser si on souhaitait voir le soleil se lever, le Démon se demandait comme toujours comment mettre fin à l'existence d'Endaellion sans mourir avant, comme toujours, incapable de trouver la solution, comme toujours...

La bière ne dégageait pas d'odeur suspecte, et de toute façon le Cadavre l'avait à la bonne, alors à moins de l'empoisonner à l'insu de l'ancien assassin qui était juste devenu vieux, pas aveugle, il ne risquait rien de ce côté là. Non c'était autre chose, comme si quelque chose ou quelqu'un était là, quelqu'un d'assez dangereux pour éveiller son instinct. Il dévisagea un par un chaque client, mais rien. Ils étaient juste des lâches incapables de faire le travail eux même, des poules aux oeufs d'or sans plus d'importance, pas plus dangereux qu'une bourse d'or sur pattes. Même les officiers présents n'étaient pas inquiétants, la Grande Maison étant affiliée en totalité à Requiem histoire d'éviter des problèmes avec la loi.

Alors quoi ? Qu'est ce qui le dérangeait autant ? Son instinct ne l'avait jamais trompé, allait-il commencer aujourd'hui ?

Non, bien sûr que non. Un homme sorti du coin d'ombre qui lui faisait face, de l'autre bout de la salle, un jeune homme voûté, aux longs cheveux noirs et au regard aiguisé de l'espion, ou de l'assassin. Pourtant cherche-Coeur était certain d'avoir observé ce recoin lors de ses inspections précédentes.

Leurs regards se croisèrent un instant, yeux gris et regard fuyant pour l'un, yeux mauves et regard pénétrants pour l'autre.

Lentement, la main d'Endaellion se porta lentement sur le poignard fiché dans la table et en caressa le pommeau. Parfaitement aiguisée et équilibrée, l'arme n'était pas seulement une enseigne et une menace, mais aussi la première arme à portée de main de l'assassin. D'ici à l'inconnu, il n'y avait que neuf mètres, et cela faisait longtemps que Cherche-Coeur ne ratait plus sa cible à cette distance.

Qu'il y vienne...


[HJ] J'avoue, j'attendait plutôt Razheem ou Mara, un client quoi, mais une rencontre avec toi me paraît aussi enthousiasmante, sinon plus...

Approche à tes risques et périls [/HJ]

Ombre frémit puis se figea. Après qu'il était sorti de sa cachette, il n'avait pas fallu longtemps pour que l'homme le repère. Il avait fait preuve d'imprudence ; mais, à sa décharge, il était rare qu'on le détecte immédiatement quand il quittait les ombres, où aucun oeil normal ne pouvait le voir. L'instinct de cet homme était hors du commun.

Et à présent, leurs regards étaient accrochés, et l'air entre eux chargé d'électricité.

Ombre ne savait plus quoi faire. Sa nature instinctive lui criait de se jeter en arrière, de se tapir de nouveau dans l'obscurité et de disparaître complètement ; mais l'infime part de raisonnement logique qui existait en lui suffisait à mettre la bride à ce réflexe, en lui expliquant calmement que le temps qu'il mettrait à s'évanouir dans l'ombre était inférieur à celui dont avait besoin une dague lancée avec précision pour parcourir neuf mètres. S'il voulait fuir, il devait compter sur le fait que l'homme raterait sa cible.

Il ne sentait pas les probabilités en sa faveur. Donc il était coincé.

A présent, plusieurs des occupants de la taverne le surveillaient à la dérobée, intrigués par son apparence, et certains des plus habitués avaient mine de rien porté la main à leurs armes, car ils ne l'avaient encore jamais vu et devinaient donc qu'il n'était pas censé être là. Aux abois, Ombre jeta des regards paniqués en tous sens. La Grande Maison, l'endroit le plus dangereux de Requiem... S'il y avait une chose que le jeune espion connaissait, c'était la relation de prédateur à proie, omniprésente dans le monde sauvage ; il se jouait de n'importe quel prédateur du moment qu'il parvenait à ne pas se faire voir, art dans lequel il était passé expert, mais maintenant, les prédateurs l'avaient vu, et il était en plein milieu du nid.

Bon. S'il restait ici plus longtemps, il était certain de ne pas en ressortir. Il était obligé d'agir.

Il fixa de nouveau les yeux mauves de l'assassin. S'il lançait sa dague, après tout, peut-être que, à condition de voir venir le coup, Ombre pourrait l'esquiver. Il avait déjoué de nombreuses attaques de la sorte. Oui, peut-être. Et puis, peut-être aussi que l'homme ne commettrait de toute façon pas un meurtre en plein milieu de la Grande Maison, sous les yeux de tout le monde, du moins pas sans être payé pour ça. Oui, certainement.

Le visage figé, les yeux écarquillés par la peur et dirigés vers l'assassin, Ombre commença à reculer vers l'obscurité, lentement, sans brusquerie.



[HRP : Oui, je m'en doutais bien Mais effectivement la rencontre peut être très intéressante, considérant qu'on a toutes les raisons de s'opposer... ]

[HJ] Sorry pour le retard :X [/HJ]

Le jeune homme était intriguant : il paraissait se fondre littéralement dans les ombres. La discrétion est l'une des qualités les plus importantes pour un assassin, pourtant l'habilité du jeune homme voûté dans ce domaine était surréaliste, pour preuve aucun des assassins paranoïaques de la Grande Maison, et il y en avait pourtant, ne l'avaient repéré avant lui. Ce n'était pas étonnant, Cherche-Coeur étant le meilleur membre de l'organisation, mais cela laissait présager du niveau du visiteur, surtout que Cherche-Coeur ne l'avait pas repéré tout de suite. Si l'intrus l'avait voulu, il serait peut-être mort en ce moment...

Pour l'heure, c'était pourtant l'étranger qui semblait en mauvaise posture. Il semblait paralysé par la peur, et une bonne poignée de tueurs professionnels s'approchaient lentement, la lame au clair. En tête de ces tueurs d'élite, le Démon, un increvable humain de près de deux mètres et de plus de 150 kilos, ainsi dénommé pour sa soif de combat et pour la violence avec laquelle il s'occupait de ses adversaires avec sa paire de haches fétiches : un dur, un vrai, l'étranger ne serait plus qu'un souvenir d'ici très peu de temps...

Heureusement pour l'inconnu, Cherche-Coeur était, aussi étonnant que cela puisse paraître, une personne d'honneur, quoi que cela puisse signifier pour un assassin. Il avait été épargné par l'inconnu, aussi estimait-il lui devoir la vie, du moins pour le moment, et puis il haïssait tellement le Démon, qu'il considérait comme une grosse brute indélicate et idiote, que rien que l'idée de lui mettre des batons dans les roues suffisait à le motiver.

Il se leva gracieusement, prit son ceinturon et l'attacha d'un geste fluide à sa taille et avança vers l'attroupement. Au moment où le Démon leva sa hache, il ordonna d'un ton habitué à donner des ordres :

"Attends !

- Quoi ?

- Ce gars est avec moi, alors fous lui la paix.

- Tu te fous de ma gueule ? J'vais buter ce petit malin, ici et maintenant !

- Alors tu seras mort, ici et juste avant.

-Bon, bon, d'accord, j'te le laisse...

-Merci."

Il fit signe à l'inconnu de le suivre jusqu'à sa table. Qu'il le suive et tout irait peut-être bien, qu'il refuse et il recevrait la dague de jet qu'il avait dégainé discrètement et caché dans sa main gauche en pleine figure.

Le choix était simple : vivre... ou mourir.

Ombre retenait son souffle.

Pas la peine de paniquer. La dissimulation, la fuite étaient ses spécialités. Combien de sentinelles, combien d’hommes alertes censés surveiller et protéger n’avait-il pas trompés, échappant à leur regard sans même qu’ils songent un instant qu’on venait de déjouer leur vigilance ?

Oui, mais voilà : tous ces assassins, ces tueurs violents, étaient d’un niveau bien supérieur au garde moyen qui obéit à son seigneur pour une solde minable. Ombre ne savait pas s’il existait un être au monde capable de voir à travers ses voiles, de décrypter ses techniques de déplacement dans les ombres. Il se contentait de les utiliser, et en général, ça marchait ; mais si cet être existait, eh bien, il se trouvait sûrement dans cette salle.

En tout cas, il lui fallait vivre. Pour cela, il devait fuir, loin de l’homme au regard mauve, loin du colosse qui brandissait à présent deux haches bien trop affûtées au goût d’Ombre. Ce dernier sentait ses yeux s’embuer sous l’effet de la peur mais gardait un contrôle parfait de son corps ; pas le moindre tremblement ne l’agitait, chaque membre était prêt à fonctionner au maximum de ses capacités pour sauver le garçon. Il changea si imperceptiblement sa posture que même un œil entraîné n’aurait pu voir, sous ses vêtements amples, qu’il tendait ses muscles pour préparer une esquive. Voilà, il allait échapper au tranchant de la hache, puis, une fois qu’il aurait récupéré l’initiative, disparaître, simplement.

Mais ce ne fut pas nécessaire. Yeux-mauves avait parlé, d’une voix claire, sans appel. Le regard d’Ombre fusa immédiatement vers lui, surpris. Il lui sauvait la vie. C’était contraire à tous les instincts qu’il avait ressenti ici : il n’y avait vu que meurtriers et ennemis. Alors pourquoi ?

Et puis il vit deux choses : Yeux-mauves qui lui faisait signe d’approcher, et sa main qui, l’air de rien, innocemment dissimulée, n’avait sûrement besoin que d’une légère torsion pour commander la mort d’Ombre. Le garçon resta un moment immobile, cherchant à savoir ce qu’il devait faire ; puis il comprit que Yeux-mauves lui offrait, au minimum, quelques minutes de plus de survie, des minutes pendant lesquelles il était assuré de pouvoir chercher un moyen de s’échapper, alors que décliner l’invitation ferait descendre vertigineusement son pourcentage de chances de survie.

Très lentement, et sans plus prêter attention aux autres assassins, le regard uniquement dirigé vers Yeux-mauves, Ombre se mit à marcher. Il n’était pas vraiment hors de danger et restait en alerte, au cas où. Mais il fallait jouer le jeu.

Il arriva à un mètre cinquante, un peu moins, de Yeux-mauves. Il n’avait pas cillé pendant tout son trajet.

« Quoi ? » fit-il d’une voix à peine audible, très brève. « Tu veux quoi ? »

[HJ] Désolé du retard, cher ami espion/assassin... [/HJ]

Tous les regards étaient braqués sur eux. Forcément, ici, un assassin ou autre personne ayant fait de l'ombre sa spécialité, qui sooit inconnu au bataillon de surcroit, ça attirait forcément l'attention. Quant on est assassin, le meilleur moyen de rester en vie est bel et bien de savoir tout sur tout, ou plutôt sur tous. Tous les rivaux, toutes les mains qui aimeraient vous décorer le dos d'un joli poignard entre les omoplates. Un homme averti en vaut deux, un assassin averti en vaut au moins dix.

Et voilà qu'un inconnu se présente. Un inconnu que personne n'a vu avant qu'il commette l'erreur de s'avancer dans la lumière. Un inconnu dangereux. Un inconnu qui serait un cadavre d'inconnu au premier faux pas...

Cherche-Coeur sondait le regard de son adversaire. Qu'il tente seulement de l'assassiner ou de s'enfuir et c'en serait fini de lui. Il s'asseya, indiquant d'un signe de la main à l'inconnu qu'il pouvait prendre place sur le sège en face de lui. Etre méfiant n'empêche pas d'être courtois...

Il posa donc les questions qui le hantaient depuis la venue de l'étranger, d'un ton qui ne se voulait pas agressif, du moins pas en surface, même si la menace était bel et bien là...

"Qui es-tu et que viens-tu donc faire ici ?"

[HRP : J'étais beaucoup plus fier du précédent message, mais bon... j'l'ai perdu et j'ai oublié ce que j'avais mis dedans alors faudra se contenter de ça ^^]


Le regard d'Ombre ne cessait de voler d'un individu à l'autre. Plus aucun ne semblait assez motivé pour l'agresser maintenant que Yeux-mauves l'avait, disons, "pris sous sa protection", mais plus d'un ne cachait pas son envie d'en découdre. Ombre attirait souvent l'animosité des hommes qui le trouvaient si différent, même ceux-là qui, aussi violents qu'ils fussent, appartenaient ironiquement au même monde que lui.

Pour Yeux-mauves, la chose était différente. Sans conteste, c'était lui le plus intelligent du lot, et avant de massacrer Ombre, il cherchait à l'analyser. Ce n'était finalement pas très différent de la démarche qu'Ombre lui-même avait entreprise en pénétrant ici dans l'intention d'observer les assassins, ses ennemis potentiels.

Et Yeux-mauves aussi, même s'il l'avait sauvé, c'était un ennemi... et l'un des rares capables de l'attraper et de le tuer et de l'empêcher ainsi d'accomplir ses missions pour Elmère. Ombre s'était toujours cru insaisissable, et jusqu'ici les événements lui avaient donné raison ; mais sous le regard mauve, perçant, meurtrier, il en était moins sûr. Il n'était plus qu'un garçon frêle, apeuré, misérable.

Lentement, Ombre se força à fixer ses yeux cernés sur le visage de l'assassin. Il ne croisa son regard qu'une fraction de seconde et le détourna de nouveau.

"J'étais venu regarder les assassins. C'était juste pour savoir. Tu n'as pas à te méfier de moi. C'est toi le prédateur. C'est moi qui ai peur de toi."

Il se mit à se mordiller le pouce pour calmer sa nervosité. Il laissa passer quelques secondes puis marmonna :

"Là, tu ne me tues pas parce que je t'intéresse ou que je t'intrigue. Tu joues avec moi et tu regardes ce que je vais faire. Je veux m'en aller. Tu ne vas pas me laisser m'en aller ?"

Ombre se leva brusquement, les yeux rivés au sol, prêt à s'enfuir mais sans oser faire le premier pas.

L'esprit de Cherche-Coeur travaillait à toute allure : ainsi il était venu pour observer les assassins, dont lui même faisait partie. La clique de la Grande Maison était connue, et chacun de ses membres était l'objet à Requiem d'une demi-douzaine au moins d' histoires effrayantes les mettant en scène et leur attribuant des aptitudes bien au delà du commun des mortels. Ceci ajouté au fait que chaque assassin avait gagné sa place dans la Grande Maison par son talent et ses compétences en matière aussi bien de meutre que de discrétion ou encore de respect envers son client faisait que pour un Requiem, "observer" les assassins comme le jeune garçon avait déclaré le faire était idiot et inutile. Pour un Requiem, la seule chose qui avait une importance était les détails comme le prix, la façon d'exécuter ou d'autres broutilles finalement sans grande importance.

Cherche-Coeur avait beau tourner et retourner le problème dans tous les sens, il arrivait toujours à la même conclusion : le jeune inconnu était certainement un Nightmare. Qu'il ait réussi à arriver jusqu'ici sans se faire attaquer, ou du moins sans en avoir l'air était impressionnant mais pas si irréaliste que ça pour l'assassin, qui avait failli ne pas appercevoir leur visiteur.

Mais ce n'était pas la seule chose étonnante que cachait ce garçon : il avait une façon de se comporter et de s'exprimer bien loin des standards de la société. Pour un assassin, s'immiscer dans la foule est une façon pour le moins commode d'agir, et c'est l'une des choses que l'on apprend en premier dans les camps d'entraînement ou sur le tas. L'inconnu n'en avait pas besoin, pouvant compter sur son habilité à ne pas être vu par les autres, mais ça n'expliquait pas ses étranges manières, il ressemblait plus à un animal qui avait passé sa vie à fuir, ou du moins à éviter les dangers et les prédateurs. Quelque chose de bien surprenant...

Tout en ruminant ces pensées, Cherche-Coeur surveillait du coin de l'oeil les agissement de l'ombre en face de lui. Il avait appris à se méfier de tous, et c'était un enseignement qu'il mettait à profit à chaque instant à présent.

Aussi étrange que ça puisse paraître, Cherche-Coeur n'était pas plus inquiété que ça : un homme surgissait des ombres, un homme qui aurait pu le tuer, mais il n'en avait cure, persuadé qu'il était d'être le meilleur, à tort ou à raison, peu importe. Bien peu de personnes auraient une chance face à lui en un contre un, même s'ils avaient l'opportunité du premier coup, et Cherche-Coeur le savait, enfin en était persuadé...


"Bien sûr que tu peux t'en aller. En ce qui me concerne, je n'ai pas peur de toi, et je ne meurs pas d'envie de te tuer. Cependant, je ne peux pas répondre des autres, aussi ne leur exposes pas trop ton dos..."