Vente d'esclaves

Reira était enfermée dans une cage de bois, une sorte de bambou sauvage de couleur verte. Normalement. Car on l'avait balladée dans la boue, et à présent, son corps était autant macculé de terre que sa cage. Elle devait avoir une allure étrange, beauté pleine de boue et de terre, vêtue de haillons. Elle respira l'air de la ville, étonnée de voir du monde autour d'eux. Les esclaves dans les autres cages s'étaient refermés sur eux même, Reira voyait dans leurs yeux la convoitise d'une vie future.

Une estrade de bois, au milieu d'une place, une foule noire; des gens qui faisaient leur marché : de la greosse femme survenant aux besoins de sa tripotée de gosses, aux vieillards pervers qui assuraient sur les jeunes filles qui passaient des yeux brillants.

Reira frémit. Sa vie avait été belle, ou à peu près - jusqu'à la mort de sa mère. Une vie sans trop de douleurs, sauf celles de ses nombreux viols, et des frappes de sa mère. Mais maintenant ? Qu'allait devenir son futur, alors que son passé s'effritait, en ne laissant que la douleur des souvenirs ?

Une voix, haute et claire, qui clame le bonheur de ses eslcaves : des belles, des beaux, des jeunes, des forts ! Une cage est prise près de la sienne, contenant un éphèbe d'une douzaine d'année à l'allure étrange, à la peau noire tigrée de jaune, aux yeux de fauve. Il tremble de tout son corps. Il est rapidement vendu à une femme aux allures riches, et aux yeux gourmands posés sur le jeune garçon.

Une main s'approche des cages, et en saisit une. Souffle court. C'est sa cage. Reira se sent soulevée puis posée sans ménagement, elle sent tout les regards posés sur elle, et ses propres yeux se posent avec frayeur sur les visages ébahis des gens du marché. Pourquoi de tels regards de convoitise dans leurs yeux ? Souvenirs douloureux de cette même lueur dans les yeux des hommes qu'ammenait sa mère. La peur la prends au ventre, et l'esclavagiste à côté crie, et hurle, sa beauté, sa manière de se tenir...

On la fait sortir, on l'oblige à se mettre à quattre pattes, et Reira, plus humiliée que jamais, doit montrer ses dents, doit de laisser faire tandis que des hommes la tiennent, montrent sa peau, ses oreilles, ses dents, ses cheveux, ses seins... Humiliation, douleur. Les larmes montent, la vive douleur des souvenirs et la peur de l'avenir brouillent sa vue et enserrent son ventre dans leur étau. Que va t-il arriver ? Reira sentit la peur l'envahir comme un poison mortel, plus forte que jamais.

Enfin, il était enfin revnu sur la terre ferme de Requiem. En voyant revenir leur capitaine ses hommes fêtèrent cela par une grande beuverie et tout ce qui s'en suit généralement. En fait il s'agissait de ses hommes de mains. Pas les simples gardes qui patrouillaient entre deux bars. Uniquement les hommes d'élite qui respectaient Razheem et qui savaient que cela leurs offrirait une bonne place. Le capitaine lui n'avait pas passé son temps là-bas. Il n'avait plus grand chose d'un homme et le goût pour l'alcool avait disparut depuis longtemps. Il avait préféré marcher un peu dans la ville. Il n'était pas en patrouille et ne portait pas son casque.

Ses longs cheveux noirs étaient donc libres de tomber dans sn dos, par dessus la cape aux couleurs du palais. Son épée n'était pas sortie et son bras droit était donc sous l'étoffe de la cape. Les bottes de cuir noir qu'il portait avec des semelles en fer claquaient sur les pavé, un claquement qui n'était pas particulier. Il avait une certaine démarche majestueuse et paraissait humain tant que l'on ne voyait pas son bras droit, son torse en effet modifié pouvait aussi bien passer pour une armure normale mais enluminée pour quelqu'un qui ne le connaissait pas. Si ce genre de personnes pouvait exister.

Le capitaine arriva sans fraiment s'en rendre compte sur la place du marché. Il jetait quelques coups d'oeil de-ci de-là et finalement s'approcha d'un stand, le stand d'un esclavagiste bien connu : Zul Jin. L'homme avait généralement des "marchandises" intéressantes, même si Razheem ne s'intéressait plus au plaisir de la chair que rarement pour deux raisons, tout d'abord rares étaient celles qui s'offraient à lui, ce qui était compréhensible, de plus il ne prenait pas de temps à lui, il se consacrait entièrement à son but. Les quelques femmes qui avaient obtenus cela l'avait fait pour une place, car le capitaine fesait preuve d'une grande reconnaissance lorsqu'il le souhaitait. Il cherchait à présent plutôt quelqu'un qui pourrait lui offrir sa vengeance contre les nobliaux de la cour. Cette personne il la trouva dans une cage de bambou sauvage. Le code est clair à comprendre pour ceux qui le connaisse, du bambou vert c'est un elfe, gris un homme et rouge pour le reste. Razheem s'approcha de Zul Jin :

- Combien pour l'elfe ?

- Capitaine Razheem, je suis heureux de vous revoir. Dites, j'ai apprit que vous étiez à Nightmare récemment, vous avez put voir les prix en cours là-bas ? Mes ventes se font moins faciles ces derniers temps.

- Zul Jin, combien pour l'elfe ?

- D'accord on parlera une autre fois. Alors, disons 500 pièces d'or.

- Il y a de quoi acheter dix hommes avec ça. Je t'en donne 100.

- Je n'ais pas trop le choix de toute façon.

Un sourire apparut sur le visage de Razheem qui tourna la tête vers une autre cage, du bambou gris avec dedans un homme solide.

- Je t'en donne 200 et tu envois celui-là aux mines. Je ne veut pas te faire couler ton commerce.

- C'est trop d'honneurs capitaine. Grat, sort l'elfe et l'homme.

- Qu'il l'emmène pour les mines, je garde la fille avec moi.

- C'est que...

- Tu pense que je ne suis pas capable de la surveiller ?

- Bien sûr que non capitaine. Grat, tu emmène l'homme au prochain transfert pour les mines.

- Okay patron.

Le grand homme attrapa la chaîne de l'esclave et l'emmena avec lui. Zul s'approcha de Reira et lui chuchotta d'une voix sifflante :

- Fais attention à toi petite, si tu agit comme il le faut tu aura plus de considération que n'importe qui mais sinon tu ne fera pas long feu.

Un petit rire sifflant vint ponctuer ce "conseil", montrant qu'il s'agit plus de moquerie. Il prit la chaîne et la tendit à Razheem qui secoua la tête :

- Pas besoin de la chaîne. Il faudra qu'elle pense d'elle même pour savoir jusqu'où elle peut aller.

- C'est vous qui décidez capitaine.

Il sorti, presque à contre-coeur, une petite clé et libéra l'elfe. Razheem fit signe à Reira de le suivre avant de se retourner :

- Zul !

- Oui capitaine ?

- 60 pièces d'or pour un humain et 120 pour un elfe.

- Que, pardon ?

- Les tarifs de Nightmare.

- Ah, merci capitaine.

Reira se sentit arrêtée dans le temps, et son corps n'était plus son corps, mais celui d'un pantin que l'on manipulait. Puis on la remit ans sa cage tandis que celui qui semblait être le chef parlait avec un homme à l'allure un peu effrayante. Reira n'entendait pas tout, mais l'homme inconnu lui lançait des regards, et les autres aussi. Elle sentait son corps trembler encore en sentant les mains se poser sur elle; elle n'était pas un être à part entière, mais de la marchandise...

Elle vit le chef et l'homme parler, puis le chef s'approcha et lui soufla quelques mots, qu'elle ne comprit pas tout à fait, mais ils semblaient méchants et moqueurs. Un rire sifflant à faire tressailir un glaçon, et elle sortit de sa cage. Elle se redressa, en sentit son corps douloureux répondre aux jours qu'elle venait de passer en cage : tous ses muscles étaient douloureux, en feu, mais elle resta impassible, muette aux apostrophes des autres esclaves. Qu'allait-il advenir d'elle ? On approcha d'elle avec un collier à pointes tournées vers le cou, comme pour un animal, mais elle entendit nettement la voix grave de l'homme. Il ne lui mettrait pas de collier ? Elle le remercia en silence, pensivement.

Reira se fichait éperdumment du prix qu'elle valait, mais comprit immédiatement que cet homme était a présent son maître. Aussi, une fois sa discussion avec le chef finie, elle s'aprocha de lui, silencieuse, les yeux baissés. Elle se sentait salie, par la boue comme par ces jours d'esclavage qu'elle avait subi. Elle espérait juste que, si il la frappait, il ne frapperait pas trop fort; à cause de son passé, son corps était à présent très receptif aux coups, et le moondre geste un peu violent lui faisait mal pendant des jours.

Le soleil, quoique caché, lui faisait mal aux yeux, qu'elle avait d'un vert étonemment clair. Elle les leva timidement vers l'homme, et hésita à murmurer, mais réalisa qu'elle avait la gorge et les lèvres trop sèches pour parler. On ne l'avait pas nourrie, et déjà maigrelette à la base àcause de sa mère, elle risuait de ne plus peser bien gros.

Malgré ses tracas, elle resta près de son maître. Une question, une seule, menaçait les autres par son importance : comment s'appellait cet inconnu aux cheveux noirs ?

Elle entendait les cris des gens de la foule, cet homme semblait respecté, non; elle voyait la lueur dans les yeux des gens: il était craint. Elle frémit. Il ne devait pas être craint pour rien. Etait-il de nature violente ? Elle ne voulait plus subir de coups, plus maintenant... Elle entendait également les esclaves gémir, protestant contre les esclavagistes qui s'occupaient de l'homme et parlaient de son affranchissement à la mine. Elle se tourna vers lui, et hésita.

Non. Le mot ne franchit pas ses lèvres. Elle essayait de parler, mais referma ses lèvres. Le merci qu'elle essayait de dire butait, autant mentalement que physiquement, et elle détourna la tête, tout dans son air était soumis, comme si elle était née ainsi - ce qui n'était pas tout à fait faux, elle avait toujours été soumise à sa mère.

Bien, elle ne s'enfuyait pas et s'était déjà une bonne chose. azheem se sentait prêt à courir à travers la ville si elle faisait mine de fuir mais elle était soumise. Le capitaine hocha la tête et la regarda de haut en bas. Elle était maigre, normal, Zul Jin n'avait pas la réputation de bien nourir ses esclaves, au premier coup d'oeil on voyait également que ses lèvres étaient sèches et sa gorge devait être dans le même état. Le capitaine déplaça légèrement sa cape pour détacher un outre d'eau qu'il avait sur son flanc. Il la jeta à Reira :

- Tiens, bois ou tu ne tiendra pas.

Le capitaine avait le regard dirigé vers le palais, un léger sourire apparut sur son visage. Il ne s'occupait plus des esclaves dont on vantait les qualités ou les performances. A présent il avait eu ce qu'il cherchait. il se retourna vers celle qu'il avait acheté :

- Maintenant je vais te dire certaines choses. Tu n'auras pas à me craindre tant que tu feras ce que je te demande. Je ne te battrais pas sauf si tu désobéhi. Tu auras une certaine liberté mais n'essais pas de la franchir ou tu pourrais le regretter. Tu seras nourrie et logée au palais, maintenant c'est à toi de me dire ce que tu veux faire. Je peux te libérer et te laisser ici face à ton destin où tu peux me suivre au palais mais tu m'appartiendras.

Voilà, il l'avait mise au pied du mur. Ce qu'il voulait qu'elle fasse il voulait qu'elle le fasse volontairement, c'était le seul moyen pour que ce soit efficace. Si elle avait de la reconnaissance de l'avoir tirée des cages de Zul Jin et qu'elle le suivait il aurait ce qu'il voulait. Sinon il repartirait tout de suite chercher la bonne personne. Il la regarda de nouveau. Bon, il faudrait autre chose que ces haillons qui lui couvraient à peine les parties intimes. Il n'attendait plus que la réponse de Reira. Bien que dans son regard et sur son corps il voyait quelle solution elle allait choisir. Elle était couverte de blessures trop marquées pour qu'il s'agisse de coups subis une seule fois. Elle avait été battue pendant sa liberté car l’esclavagiste n’était pas du genre à tolérer que l’on frappe sa marchandise. Il voulait en tirer un trop bon prix pour se le permettre. Cependant ses hommes pouvaient se ‘distraire’ avec certaines filles s’ils ne laissaient pas de marques apparentes. Enfin bon, il était évident que l’elfe avait passé sa jeunesse dans le sombre milieu de la prostitution, et il doutait qu’elle veuille y retourner. Elle était belle, ou du moins une fois revenue à un poids normal elle n’aurait rien à envier aux autres femmes elfes, même celles ayant toujours bien vécu. Le capitaine la regarda pour la troisième fois avant de détacher sa cape pour la lui lancer :

- Tant que tu n’as pas d’autres vêtements mets ceci. Tu es mon esclave et tu ne dois pas être presque nue dans la ville.

Plus que simplement pour la couvrir la cape qu’elle avait reçue était un autre signe de l’appartenance de Reira à Razheem car si les hommes importants de la garde avaient tous une cape aux couleurs du palais ils avaient également tous l’arabesque R dessinée dessus. Razheem, lui, ne l’avait pas. Cette faveur lui avait été accordée pour montrer sa supériorité face aux autres gardes. Lorsqu'il avait retiré son étoffe il avait ainsi vévéle son bras droit, recouvert par l'étrange matière corailleuse qui faisait son armure, et complètement transformé à l'opposé de son bras gauche.

Cependant avec sa simple pensée il était toujours capable de modifier son apparence, ce qu'il avait fait en remplaçant la sorte de boule par une véritable main. Il regarda Reira une fois qu'elle eut posé la cape sur ses épaules et qu'elle l'ait rabattue devant. L'étoffe trainait au sol car même si l'elfe était plus grande qu'une humaine le capitaine la dépassait d'une tête et il s'était fait taillé la cape pour qu'elle rase le sol. Il hocha la tête, ça allait suffire jusqu'au palais.

Capitaine. Il avait donc un haut grade. Elle frémit et rattrapa par réflexe l'outre qu'il lui avait lançée. Elle le regard puis se détourna pour boire. Son corps était déshydraté. Elle but l'eau contenue dans l'outre, et la rendue finalement, vide. Elle sentait le changement, et semblait plus réveillée. Elle écouta attentivement les paroles de l'homme en face d'elle. Les regards autour d'elle se tournaient par réflexe vers lui, il semblait si charismatique...

Reira eut un sourire, essuya ses lèvres du dos de la main, et put enfin parler de sa petite voix cristalline et douce.

Vous savez déjà la réponse, mais je vais tout de même vous répondre clairement. Vous m'avez achetée, aussi suis-je à vous jusqu'à ma mort. Je me mettrai à votre service pour rembourser ma dette. Quoique que vous puissiez me demander.

Elle s'imaginait mal vivre pire que son enfance. Et c'était également un sous enendu pour son maître : il pouvait lui demander n'importe quoi, elle afficherait le même air impassible, et obéirait, indifférente à ce qui lui arriverait, soumise jusqu'au bout des ongles.

Elle frémit, l'air était froid. Elle sentit l'homme face à elle parler, et réceptionna la cape. Elle regarda le long vêtement, qui aurait pu faire le tour de soncorps deux fois. Elle baissa ses yeux verts et papillona des yeux, gênée et initmidée. Elle se vêtit finalement de la cape qu'elle pensa gentiment prêtée. Elle remarqua le bras étrange que son maître possédait. D'une consistance bizarre, pas de la peau, une sorte de chose greffée à son épaule... Reira eut l'envie de toucher et de demander ce que c'était, mais n'osa pas. Elle observa son maître longuement, puis hocha la tête.

Elle s'approcha de lui, et se mettant du côté de son bras bizarre, le prit entre les siens, toujours aussi soumise. Elle avait baissé ses yeux. Elle voulait lui faire passer le message que oui, elle avait vu le truc bizarre u'il avait à la place du bras, mais que cela ne la dégoutait pas, et qu'elle était étonnée mais ne trouvait pas bizarre cette greffe.

-Où allons-nous ? demanda t-elle d'une voix basse, en levant ses yeux vers lui. Décidémment, il était grand, il faisait une bonne tête de plus que lui. Reira ne pouvait s'empêcher d'avoir le regard attiré vers son nouveau maître. Il semblait de toute façon attirer TOUS les regards, car où qu'ils marchent, tous les gens faisaient des courbettes, les yeux fixés à Razheem. Reira pensa soudain qu'elle ne connaissait pas son nom. Elle se doutait qu'il devait savoir le sien, mais haussa une épaule, sentant la chaleur de son maître se propager dans son corps grâce à la cape.

J'ai pour nom Reira. Cependant, j'aimerais que vous m'appeliez Reï devant les autres. J'aimerais que vous seul connaissiez et usiez de mon vrai prénom. Ma mère ne sen souvenait pas assez les jours où elle était saoule, et j'ai toujours trouvé que la seule chose qui m'appartenais était mon prénom.

Elle haussa de nouveau les épaules, et régla son pas sur celui de Razheem, une petite machine, attentive aux bruits, et marchant presqu'en silence, douce et agile, accroche au bras de son maître.

Le capitaine avait récupéré l'outre et se l'était repassée à la ceinture en écoutant la réponse de Reira. Elle était parfaitement soumise, peut être trop. Lorsqu'elle s'approcha de lui il ne la regardait plus, réfléchissant, puis il la sentit lui prendre le bras. Elle n'était pas génée ni même dégoutée par la matière qui le recouvrait mais cela ne le marqua pas. Il la repoussa, pas en douceur mais sans la violenter :

- Je ne suis pas là pour te servir de support. Tu dois être capable d'agie seule, sans aide.

Il la fixa droit dans ses yeux verts :

- Sais-tu lire ? Ecrire et compter ? Sais-tu te battre et manier les armes courtes ? Est-ce que tu es capable de préparer des "soupes" ?

Razheem tenait à ce qu'elle sache se débrouiller. Si elle ne savait pas tout cela elle apprendrait, et rapidement. Le dernier terme avait été plus sifflé, dans un langage courant le mot soupe était attribué à toutes les potions et plrincipalement les poisons. C'était un procédé que Razheem n'aimait pas mais qui avait l'avatage de se révéler efficace lorsqu'il fallait tuer discrètement. Tuer des gens discrètement, Reira devrait le faire, et si elle ne savait pas elle apprendrait, cela aussi. Elle n'avait pas été choisie pour être une simple servante. Elle jouerait ce rôle également mais le capitaine avait d'autres projets pour elle. Elle devait toutefois apprendre à se détacher de lui, il faudrait qu'elle sâche se rendre invisible et quand il faudrait réapparaitre. Il avançait avec Reira qui était désormais à ses côtés, proche de lui mais elle ne le tenait plus. Un garde passa par là et le capitaine l'interpela. L'homme se frappa la poitrine en claquant des talons :

- Capitaine Razheem ?

- Repos. Je veux que vous alliez au palais et que vous fassiez apporter nourriture et onguents dans ma chambre.

- Bien capitaine.

Le garde se refrappa la poitrine avant de partir en courant, sans demander son reste, vers le palais royal. Le capitaine voulait que tout soit prêt à son arrivée et il était rarement déçu. Il entendit alors Reira reprendre la parole, elle lui demandait de garder son nom pour lui. Pourquoi pas, cela ne posait aucun problème :

- Si tu y tiens. Mais c'est toi qui t'impose une chaîne.

Il n'en rajouta pas plus. Il ne tenait pas à alimenter une conversation, il répondrait à ses éventuelles questions ou se tairait. Ils en auraient pour une bonne demi-heure de marche et Reira ne parraissait pas très vigoureuse aussi il adopta un rythme à peine plus lent que son rythme habituel mais qui avait l'avantage d'être plus facilement suivi pour quelqu'un qui n'avait pas l'habitude. En plus il fatiguait moins car il provenait du balancement d'un pied, suivi par le reste du corps, un rythme facile à tenir pendant plusieurs heures. Ce rythme, Reira pourrait le tenir une demi-heure, de toute façon il le faudrait bien.

Reira tenait le bras du capitaine, quand elle le sentit se détacher d'elle. Elle l'observa, se tut, et préféra ne pas hocher la tête. Ok, le maître n'était pas affectif. Elle haussa les épaules et resta près de lui sans le coller. Mieux valait ne pas lui désobéir. Elle lui suivait, essayant de cacher sa fatigue et son essouflement.

Elle leva ses yeux vers lui quand il lui posa quelques questions. Elle baissa les yeux, puis, récapitulant, hocha la tête.

Je sais lire et écrire. Compter également. Je sais manier les armes, et préparer et utiliser... certaines mixtures.

Elle avait hésité, puis avait baissé les yeux. Il posait des questions. Qu'allaient lui apporter ce genre de réponse ? Elle devrait surement faire diverses choses peu ragoutantes. Cela ne pouvait être pire que son passé. De toute façon, elle n'avait pas le choix, elle devrait le suivre.

Elle observa la scène d'un garde parlant à son maître. Elle vit le regard de ce dernier, en partant, furtivement psoé sur elle. Elle l'ignora. Elle entendit la réponse de Razheem. Il semblait être tciturne. Elle-même préférait garder le silence, bien qu'elle dit une dernière chose.

Cette chaîne que je m'impose est le véritable lien direct entre vous et moi. Si vous divulguez mon nom à tous, votre emprise sur moi sera plus compliquée, étant donnée que chez les elfes, la servitude se fait par le prénom.

Elle lui décocha un regard puis ferma les yeux. Elle se mit à chantonner dans sa tête, en remarquant - avec surprise et joie - le léger - ho très léger - talentissement de pas du capitaine. Elle sourit, et ravivée, oublia fatigue, pour donner plus d'ampleur à ses pas. Elle pouvait repousser ses limites. Elle marcha à ses côtés, regardant autour d'elle. Ce côté de la ville avait toujours été un mystère pour elle, aussi elle posait ses yeux verts curieux sur tout. Tous les passants les observaient, elle et son maître. Surement étonnés de voir deux êtres aussi différents.

Reira eut une pensée furtive : si ils allaient réellement au palais, elle allait se tenir au centre des intrigues. Malgré sa nature de jeune fille calme, les intrigues de palais l'avaient toujours intéressée. Elle eut unsourire, puis posa son regard sur son maître, sans se cacher. Juste pour l'observer, et regarder ses traits. Elle se demandait ce qu'il faisait, et pourquoi il travaillait au palais. Elle haussa les épaules et continua de marcher, sa chevelure blonde rythmée par ses pas. Elle tenait au chaud contre sa poitrine la chaîne elfique de sa mère, sertie de pierre bleutées. Elle espéra ne pas devoir la remettre à son maître.

Lorsque Reira répondit positivement à ses questions le capitaine hocha imperceptiblement la tête en souriant, un énorme gain de temps qui était toujours intéressant. Il avait cependant entendu l’hésitation de l’elfe. Elle semblait vouloir dire qu’elle savait manier les armes et faire des poisons mais qu’elle ne se servait pas de ces connaissances. Elle avait eu une enfance rude mais n’était pas tombée pour autant dans la violence. Elle donnait l’impression d’être trop hésitante et ça il faudrait le faire disparaître. Si elle ne voulait qu’exécuter les ordres de son maître sans réfléchir, ça n’irait pas. Toute esclave qu’elle était l’elfe était, ou du moins donnait l’impression d’être, intelligente. Razheem sourit et baissa de nouveau la tête vers elle. Mais bien sûr !

Le capitaine fut tiré de ses pensées lorsque Reira répondit à sa réflexion sur le fait de ne pas révéler son vrai nom. A vrai dire cela n’intéressait pas Razheem, si elle voulait modifier son nom en public s’était son choix. Aussi il ne revint par sur le sujet. Il continuait de marcher et se rendit compte que l’elfe tenait à présent le rythme imposé, aussi il le modifia légèrement, alternant des foulées plus amples et balancées et des foulées rapides et sèches. Les alternances étaient réguliers ce qui rendait le pas moins difficile mais nécessitait une certaine adaptation. Ils marchèrent en silence sur ce rythme jusqu’aux portes du palais. Les gardes n’esquissèrent pas un geste, personne ne pouvait se déguiser en Razheem et personne, fou ou sain d’esprit, ne pouvait avoir cette idée. Le capitaine entra donc avec sa nouvelle esclave, enveloppée dans sa cape et se tenant à ses côtés. Un courtisan plutôt imposant et grand, mais faisant tout de même une tête de moins que Razheem, s’approcha du couple avec un air moqueur :

- Et bien capitaine, on essaye de devenir un homme ? Il se tourna vers Reira. Quand tu l’auras épuisé d’ici 5 minutes passe donc dans ma chambre, je te ferais voir se qu’est un vrai hom…

- Encore un mot et tu n’auras plus assez de sang dans tout ton corps pour écrire ton nom Eibor !

Le ton du capitaine était sec mais surtout glacial. Le sourire du courtisan avait disparu en une seconde, temps qu’avait mit une pointe pour apparaître sur le torse de Razheem et venir titiller le ventre de l’homme. Une lame de 15 centimètres s’était également formée au poignet droit du capitaine. Eibor déglutit péniblement avant de reculer lentement sans quitter Razheem des yeux. Ceux du capitaine semblaient prêts à lancer des éclairs. Encore un de ces maudits courtisans. Le capitaine accéléra le pas pour se retrouver dans un couloir où il n’y avait personne excepté quelques serviteurs vêtus de tuniques aux couleurs du palais mais avec un R à peine visible dans le dos, tissé avec des fils d’argent. Ces serviteurs ne quittaient pas le couloir qui s’avérait être réservé à Razheem et à ses hommes de confiance.

[hj : histoire d’avoir un post pas trop minable j’ai commencé à parlé de une fois au palais, la suite est donc au palais, pas besoin de répondre ici.]