Retour massacrant.

Marabelle avait envie d'hurler, de frapper quelqu'un ou quelque chose, de briser des meubles de..De laisser libre cours à sa colère pour résumer. Et au vu des regards furieux qu'elle lançait à la ronde il était très facile de comprendre qu'il ne lui suffirait d'un mauvais prétexte pour se défouler. Les serviteurs qui encombraient le hall du palais l'avaient visiblement saisis, s'écartant encore plus rapidement devant elle que d'habitude, rôdés par la peur de se prendre un objet dans la tête. Au mieux.

La cause de cette colère? La pluie! Elle était trempée, ses pieds pataugant dans l'eau, tout cela grâce à cette abrutie d'ambassadrice. Qu'avait t on besoin d'une diplomate de son genre? Si elle n'était pas là Elmère et elle se seraient depuis longtemps entretuées et la situation actuelle serait bien meilleure! Non mais non, ça aurait été trop facile... Donc Marabelle avait dû faire des grands sourires et la raccompagner jusqu'à sa monture pour qu'elle puisse rentrer tranquillement à Nightmare. A l'aller il faisait plutôt beau pour la saison, elle avait juste pris une escorte, pas de fiacre...Et évidemment ça n'avait pas manqué! Au retour, la pluie et la neige en même temps! La rousse était trempée, de l'eau avait réussi elle ne savait comment à entrer sous sa capuche et elle était frigorifiée.

Autrement dit d'une humeur massacrante. Nous l'avions laissée dans le hall mais elle ne s'y attarda pas, avançant à grands pas vers la chaleur de ses appartements. Elle ouvrit soudainement la porte de ceux ci, sans s'occuper des personnes qu'elle avait pu croiser en cours de route. La porte se referma brutalement tandis que la jeune reine essayait de se calmer. Non pourquoi se calmer? Où était cette fichue servante? Marabelle ôta rapidement sa cape, la jetant au sol en compagnie de l'eau dont elle était gorgée.

"Abrahel!"

Appella t elle en glissant ses mains devant le feu mourant. Si elle mettait trop longtemps à arriver c'était décidé elle l'étripait. Pas d'humeur à supporter le moindre retard, encore moins que d'habitude.

Abrahel se tenait dans l’entrebâillement de la porte, qu’elle venait d’ouvrir en silence, elle avait entendu sa maîtresse rentrer, mais préférait que celle-ci l’appelle avant d’aller la trouver.
Alors la jeune fille attendait, observant la reine en silence, elle semblait énervée, encore plus que d’habitude ce qui n’est pas peu dire. Abrahel allait devoir faire preuve de tact et de soumission, pour ne pas accroître sa colère.

Puis lorsqu’elle entendit sa voit, la jeune humaine pressa le pas et se posta à coté de Marabelle, elle était trempée l’esclave voulu entreprendre de lui sécher les cheveux, mais elle attendit un ordre, le moindre faux pas de sa part pourrait occasionner un revois une volé de coups et donc il valait mieux s’abstenir.

« Que puis-je pour vous ? »

Réprimant une forte envie de meurtre envers sa maîtresse, elle détestait son caractère de cochon, encore moins son agressivité et ses crises de colère pour les moindres broutilles, mais parfois…enfin rarement Abrahel parvenait à l’apprécier ne serait ce qu’un peu et puis Höd lui avait ordonné cette servitude, elle devait obéir.

*Pffff….Quand va-t-elle cesser ses caprices et en plus elle est en colère, il ne manquait plus que ça. *

D’autant plus que si, la jeune esclave restait planter là, sans rien faire, la monarque lui ferait certainement une remarque acerbe et si elle entreprenait quelque chose se serait à coup sur ce qu’elle ne devait pas faire. Le caractère compliqué de la rousse ne lui facilitait pas la tache, loin de là.

Mais l’idée de la voir ainsi mouillé était des plus plaisante, elle ressemblait vaguement à un chien trempé, Abrahel sourit intérieurement…même si la pluie ne gâchait en rien sa beauté. En fait, elle avait envie d’éclater de rire, ce qui était bien la dernière chose à faire, l’esclave baissa donc les yeux fixant ainsi le sol.

Marabelle n'avait pas bouger, approchant ses mains pâles au plus proche du feu, sentant avec soulagement la chaleur proche de la brûleur se propageait dans ses doigts. Elle détestait avoir froid et surtout elle détestait être mouillée! Elle devait avoir une drôle de tête, un chien mouillé puant... Tout ce qu'elle évitait jour après jour et une faible pluie ruinait tout ses efforts, c'était à devenir folle!Où a le rester.
Heureusement pour toutes les deux, la rousse entendit rapidement des pas s'approchaient d'elle. Elle lança un regard un coin, prête à déverser toute sa mauvaise humeur s'il ne s'agissait pas de la personne désirée. Abrahel. Bien elle n'aurait pas donc cette occasion de se mettre en colère et avec un peu de chance et de bonne volonté de la part de la servante elle se calmerait sans tuer personne. Quoiqu'elle, elle s'en fichait mais il paraîssait que selon les critères normaux il fallait mieux que les personnes vivent.

Marabelle se tourna pour de bon vers Abrahel qui venait de lui demander ce qu'elle devait faire. Ne pouvait elle pas trouver toute seule?Etait elle sotte? Oui visiblement. Quoiqu'il valait mieux qu'elle demande avant de faire une bêtise, la réparer prendrait encore plus de temps. Ou de douleur au choix. Aussi la jeune femme retient son envie de gifler la brune et répondit tout en se détournant d'elle.

" Trouve moi des habits secs et un bain chaud. "

Elle attrapa sa masse de cheveux et chercha tant bien que mal à les essorer. L'inconvénient des longs cheveux bouclés, beaux mais fichtrement désagréable? Pourquoi est ce qu'elle n'avait pas demandé à Abrahel de les sécher? Ils allaient être mouillés ça ne servait à rien de perdre du temps à ça. Sauf que la reine venait de se rendre compte qu'ils étaient trop lourds et collants pour être gardés plus que quelques instants dans cet état...Une nouvelle bête noire de Marabelle : la pluie.
Elle se laissa tomber, elle et ses vêtements encore mouillés de neige fondues dans un luxueux fauteuil, tout près du feu.

"Et dépêche toi!"

La minuscule voix de la raison lui disait qu'elle avait tord de brimer Abrahel qui n'avait rien fait - pas encore- alors que c'était après l'ambassadrice et la pluie qu'elle était furieuse. Oui elle reporter la faute sur Azenor ,et alors? Elle avait bien le droit. Mais pas le droit de lui crier dessus, alors que sur sa servante oui...

Des habits sec et un bain chaud…bah pour une fois la demande n’était pas incongrue et irréalisable, c’était une sorte de soulagement. Mais pour le bain, il faudrait attendre quelques instants, les bassines en bronzes n’étaient pas des plus légères et l’eau ne chauffait pas toute seule. Seulement voilà, cela prenait un certain temps et Marabelle ne semblait pas des plus patiente.

Abrahel franchit donc le seuil de la porte, après s’être inclinée devant la demande de sa maîtresse, renversant au passage une des servantes traînant dans les couloirs et trop apeurée pour passer devant la porte de la pièce de peur d’être aperçue et tuée sur le coup par la reine. Abrahel la fixa un instant,

« La reine désire une bassine et de l’eau chaude, trouve quelques porteurs et amène la prestement dans sa chambre »

La jeune esclave n’eu pas le temps de déverser l’une ou l’autre remarques cyniques et mauvaises sur la jeune servante, car il lui fallait trouver des habits. Abrahel revînt dans la chambre les bras chargés de vêtements, ainsi la reine pourrait faire son choix, elle étala ceux-ci sur le lit de manière à ce qu’il ne se froissent pas.

« Votre bain ne va plus tarder »

En effet, trois personnes entrèrent portant la bassine à bout de bras, ils avaient fait vite, la peur est une excellente motivation.

« Dois-je vous aider à vous dévêtir maîtresse ? »

La longue chevelure mouillée de Marabelle devait être gênante lorsqu’elle retirait ses vêtements, il ne fallait pas qu’elle s’emmêle plus, sinon la reine serait encore plus énervée.

L’esclave regarda la bassine d’eau fumante, il manquait quelques choses…l’eau parfumée n’avait pas été versée et les huiles de corps ne l’accompagnaient pas. Il fallait faire tout soit même ici, elle supportait déjà la monarque à longueur de journées et devait fournir le travail des bêtes servantes de la cour.

Abrahel s’empressa donc d’aller les chercher avant que la rousse ne remarque cet oubli, cinq minutes plus tard elle était de retour et attendait déjà les réprimandes sur sa lenteur à effectuer les taches les plus faciles.

Marabelle avait fermé les yeux, attendant avec toute la patience qu'elle possédait. Très peu donc. Elle entendait Abrahel bouger dans la pièce et tapotait discrètement ses ongles sur les bras du fauteuil. Sa nature exigeante et capricieuse mourait d'envie de lui hurler de se dépêcher, voulant que ce soit encore plus vite. Ne remarquait elle pas qu'elle avait froid?N'avaient ils pas tous l'habitude de la servir au plus vite? Non visiblement...Pourtant, elle faisait tout pour. La rousse allait soupirer d'agacement lorsqu'Abrahel lui annonça que la bain arrivait. Dieu merci, elle n'en pouvait déjà plus.

Marabelle se redressa lentement sur son siège en entendant la question d'Abrahel, excellente proposition. La servante serait elle devenue intelligente? Ca lui changerait d'être entourée d'incapables lents comme des escargots comme elle l'était à longueur de journée. Mais lorsqu'elle rouvrit les yeux la jeune femme était déjà parti. Une envie de meurtre traversa la rousse qui se mit rapidement sur ses pieds,balayant la pièce du regard, prête à hurler sur la servante. Elle se proposait à l'aider et s'enfuyer aussitôt, sans rien dire! Elle allait la tuer un de ces jours!

"Abra.."

Elle se coupa en voyant la brune qui revenait déjà, tenant des flacons. Marabelle ne finit donc pas sa phrase et se contenta de lui faire signe de s'approcher, un rien apaisé, et rejetant à plus tard ses envies meurtrières.

"Tu proposais d'aider non? Alors reste là! Et aide moi."

Les vapeurs qui s'élevaient des bassines de cuivres ne lui donnait qu'une envie: s'immerger enfin dans ce bain chaud qui lui tendait les bras, émettant une merveilleuse odeur...Oh merci à celui qui avait inventé les eaux parfumés et les bains chauds.

Abrahel détestait le ton qu’employait Marabelle, mais après tout, elle n’avait qu’un statut, celui d’esclave et donc ne pouvait s’attendre à mieux de la part d’une reine orgueilleuse et imbue d’elle-même.
L’aider, la déshabiller pour qu’elle s’immerge dans la bassine et qui sait lorsqu’elle sera comblée peut-être la congédiera-t-elle…un espoir vain certainement car par la suite il lui faudra verser continuellement de l’eau chaude dans son bain pour ne pas que celui-ci se refroidisse et peut-être passer une éponge sur son corps, la reine est bien capable de le lui ordonner pareil chose.

Quoique cette dernière pensée n’est pas fort déplaisante, le corps d'une femme est toujours doux et agréable à regarder…. bien plus que celui d’un homme, être l’esclave d’une personne de sexe féminin avait certains avantages...
Primo : elle ne finirait pas de force dans son lit, chose inacceptable pour une personne comme Abrahel qui choisit minutieusement ses amants, secundo: elle ne pue pas la sueur et la crasse comme tous les mâles, tertio: une femme est plus raffinée que certains hommes.

L’esclave s’approcha doucement de Marabelle pour l’aider à se dévêtir, pourquoi avait-elle mis une robe si compliquée à enlever, si elle avait pu Abrahel aurait arraché de force ce fichu vêtement mais bon…la jeune fille parvînt à ses fins quelques minutes plus tard, gardant comme elle pouvait son air calme et posé. La servante lui enleva aussi son linge de corps puis recula.

« Avez vous encore besoin de mes services, pour une chose autre que remplir votre bassine lorsque l’eau se refroidit ? »

Pour cela il lui faudrait aller chercher de l’eau à l’étage en dessous mais qu’importe, si c’était pour le bon plaisir de sa maîtresse elle obtempérait avec plaisir, nulle envie de recevoir ses foudres et manquer de perdre son sang froid face à cette femme qui la traite comme un chien.

Son esprit vagabondait, attendant un ordre de la reine, après tout elle n’avait d’autre occupations que les rêves et les songes quant elle se trouvait en compagnie de la monarque, enfin façon de parler parce que les tâches qu’elle devait accomplir pour celle-ci l’occupait presque entièrement et ne lui laissait que peu de répit.

Marabelle avait presque envie de rire en sentant Abrahel tenter de se débrouiller avec sa robe. Plus c'est complexe plus la magnificience est visible..Et difficile à enlever. C'est pour cela aussi qu'elle lui avait ordonnée de l'aider, seule et dans son état elle n'aurait réussi qu'à arracher les tissus et les envoyer au loin. Même si ce n'était pas par l'égard envers ses vêtements que Marabelle se retenait d'ailleurs, simplement par habitude et élégance, son rang en quelques sortes. Quoique cela simplifierait la vie de tout le monde qu'elle déchire brutalement ses vêtements...Mais manquerait singulièrement de noblesse, on ne pouvait pas tout avoir dans la vie...

La rousse lança un regard à Abrahel, malgré ce qu'elle avait senti , l'air de la brune était toujours aussi calme et serein. Une épreuve de force pour quelqu'un vivant dans le voisinage de Marabelle, mais aussi la meilleure façon d'y rester sans se faire martyriser à longueur de temps. En vérité, le calme de la servante était admirable. Presque parfait, presque car Marabelle était très exigeante en termes de perfection...

La reine s'immergea avec bonheur dans l'eau chaude, saluant avec joie sa chaleur et la propreté qui s'en dégageait... Elle aurait pu rester une éternité là dedans s'en sans lasser...Mais l'eau refroidirait bien un jour comme Abrahel venait de le lui rappeller..Douleureux rappel, elle était bien ainsi, nue berçée par les vapeurs douces et parfumées...Très bien, c'était un avantage certain de la royauté. Ca et le pouvoir bien entendu.
Marabelle, ferma à demi les paupières, renversant la tête en arrière. Elle s'autorisa un petit sourire qui pour une fois ne recelait pas grand chose de malsain et qui était presque détendu avant de redresser sa nuque. La rousse leva un sourcil en voyant qu'Abrahel se laissait aller à la rêverie et la rappela à l'ordre presque doucement. Ou du moins sans hurler, un tel bain avait presque calmer sans mauvaise humeur. Sauf son envie de meurtre sur la personne de l'ambassadrice.

" Arrête de rêver, tu pourras lorsque tu auras fini! Garde simplement l'eau chaude. "

Elle allait se replonger dans ses rêveries lorsqu'un nouveau détail contraignant lui revient à l'esprit...Son arrivée fracassante et humide, le hall et les escaliers devaient être inondés, hors elle se devait de garder le palais propre et imposant... Jamais les esclaves n'auraient l'idée de nettoyer et de ranger, non bien sûr, il ne fallait pas trop leur en demander!

Et débrouille toi pour d'assurer que les autres servantes nettoient l'eau du hall, si personne ne leur dit elles sont capables d'y faire pousser des plantes. "

Abrahel émergea de ses pensées, rappelée à l’ordre par Marabelle, ne pouvait-elle pas lui laisser quelques minutes de répit, non c’était trop lui demander...
Quoiqu’il en soit la jeune esclave devrait faire avec et puis un nouvel ordre venait de tomber. Se serait amusant de compter les secondes entre chaques contrainte que lui imposait la rousse, maximum six ou sept secondes entre chaques demandes.
Mais la jeune fille sourit quand même lorsqu'elle entendit la reflexion de la monarque, les servantes sont des plus gourdes et ça, c'est une vérité universelle.

Elle sortit de la pièce, vaillant à fermer la porte doucement, le moindre claquement équivaudrait à une remarque cinglante de la part de sa maîtresse, il ne fallait pas troubler sa quiétude.

Une servante... malheureusement lorsque Marabelle est dans les parages les demoiselles évitent cette partie du château et à juste titre même, l’imbécile qui traînait dans le couloir il y a peu, devait s’avérer être une exception à la règle, peste soit des soubrettes peureuses, à cause d’elles, Abrahel devait s’éloigner de la chambre et partir à leur recherche.

*La prochaine femelle stupide que j’aperçois payera aux noms des autres*

La jeune fille arpentait les couloirs depuis 10 minutes environs, lorsqu’elle entr’aperçut l’objet de ses désirs, elle l’interpella sans douceur et la servante accourut la queue entre les jambes.

*Pitoyable...enfin bref*

« Le hall est impraticable depuis que notre souveraine adorée est rentrée, fait le nécessaire, sinon je me ferai un plaisir lorsqu’il faudra te corriger »

Dit-elle d'un ton doucereux puis elle ricana légèrement, les servantes stupides et candides étaient ses exutoires préférés. Si niaises et si lâches que jouer avec elles devenait un passe temps, une jubilation permanente lorsque comme Abrahel l’on devait subir les brimades répétées de la reine.

Son devoir fait, Abrahel s’en retourna dans la chambre, dieu sait ce qu’il pouvait se passer en son absence, qui, il faut le dire dura plus que prévu. Soudain elle se souvînt d’une chose, l’eau devait sans doute avoir refroidit et Marabelle devait être furieuse.

*Tant mieux*

Pensa-t-elle en son fort intérieur, pourtant elle partit chercher une bouilloire remplie d’eau chaude pour éviter toute crise de rage de la part de Marabelle et rejoints celle-ci.

"Veuillez m'escuser pour mon retard" dit-elle en s'inclinant.

Marabelle n'entendit le son discret de la porte qui se refermait qu'à moitié. Elle était déjà partie dans un mélange de rêveries et de plans. Elle profitait de son bain avec une sérénité et un calme presque cérémonieux. Et c'était tant mieux pour les habitants du château puisque plus le temps passait au milieu des huiles parfumées plus sa fureur baissait à des niveaux plus normaux. Et imaginer Abrahel devant se débrouiller avec ces gourdes de servantes lui faisait monter un léger rire dans la gorge. Elle avait beau les terrifier ou même les "chasser" pour en prendre de nouvelles, la nouvelle génération était toujours aussi peureuse et dépendante. Toujours devoir tout ordonner, tout juste si elle ne devait pas leur dire de respirer...Ah fuir, ça elles savaient. La reine faisait donc si peur? Oui mais pas encore assez puisqu'elles prenaient tout leur temps pour obéir... La servante est un être bête et dont le cerveau fonctionne très lentement.

La jeune femme s'étira doucement, rouvrant les yeux, étouffant un baillement presque digne d'un chaton. Lorsque ses bras reprirent contact avec l'eau elle grimaça à demi. Toute dans sa rêverie elle n'avait remarqué que l'eau tiédissait...Très désagréable mais il fallait faire avec puisqu'Abrahel n'était pas de retour. La rousse entreprit de dénouer ses cheveux lourds tout en fixant la porte, attendant sa servante. Elle s'emmêla légèrement les doigts dans les mèches mais réussi à les débrosser en une cascade à peu près ordonnée... Ordonnée mais humide d'eau froide. Les servantes étaient elles si longues à trouver que la brune ne revenait pas?

Sortir hurler après Abrahel ou rester à l'attendre dans le froid?Alors que la Requiem s'apprêtait à effectuer la première proposition ,tendant déjà la main vers une serviette de lin près d'elle, la porte s'ouvrit brusquement sur la jeune femme portant une bouilloire semblant contenir de l'eau bouillante.Soupir un rien agacé.

" Enfin. Les servantes sont donc si stupides? "

[ Pitoyable mais bon.. Une idée pour continuer? ]

Abrahel revînt donc dans la chambre pliant légèrement sous le poids de l’eau, elle n’avait l’habitude de porter quelque chose, habituellement une personne ou l’autre faisait à ça place.

*C’est pas vrai, pourquoi est-ce que je casse les reins pour lui apporter de l’eau chaude et se plier à ses désirs alors que madame n’en fait qu’a sa tête *

"Oui les servantes sont toutes stupides"

*Et merde, elle se moque vraiment de moi, pourquoi est-ce que je continue à servir cette égocentrique*

La jeune esclave la toisa froidement, sa patience avait atteint ses limites et elle s’ennuyait à mourir un peu d’action ne lui ferait pas de mal, sans toute fois dépasser les bornes et la conduire à sa perte.
Abrahel versa la bouilloire dans la bassine en étain, puis soupira, son poids ne faisait que l’incommoder de plus en plus et elle devait s’en débarrasser avant d’avoir un tour de rein.

Elle observa plus attentivement sa maîtresse, celle-ci était vraiment attirante. Tentante même…oserait-elle après tout ce jeu pouvait être des plus amusants…elle recevrait une gifle à coup sur ou bien quelques coups qu’elle ne pourrait retourner à son adversaire sans encourir la mort mais soit !

Abrahel étendit le bras, effleurant la joue de Marabelle.

« Vous êtes vraiment jolie, dommage que vous possédiez un caractère aussi désagréable »

Certes son caractère déplorable ne gâchait en rien sa beauté, mais Abrahel lui avait précisé dans le seul but de lui montrer qu’elle était insupportable.

Si cela ne dépendait que d’elle, la jeune esclave irait s’asseoir sur le lit et prononcerait ces mots : « On couche ensemble ? » mais là, il valait mieux faire preuve d’un certain tact.

Elle s’éloigna quand même, ne voulant se trouver à porté des bras de la souveraine, car sa phrase ne resterait pas sans conséquences. Ensuite comme Marabelle était toujours dans son bain elle ne risquait pas grand chose.
Pour le moment…

Marabelle avait envie d'éclater de rire en voyant l'air d'Abrahel. Visiblement celle ci bouillait de l'intérieur, contrairement à son air froid qui la toisait. Elle s'était immobilisée pour ça, la regardant de haut. Oui regardant de haut Marabelle Von Esmelda. Les traits de la rousse prirent une inflexion plus sévère, n'appréciant pas du tout cette pensée. Mais elle ne bougea pas pour autant, sans même élever la voix. Si la brune était assez sotte pour ne pas avoir remarqué les coups qu'elle distribuait généreusement aux autres servantes c'étaient ses affaires.

Aussi la jeune femme attendit patiemment l'eau chaude, sans rien dire. Presque sage même. Elle sursauta donc lorsqu'Abrahel s'approcha d'elle, pour lui ...effleurer la joue. Pas un sursaut de recul non, sursaut de surprise. Que faisait la servante? Les contacts Marabelle l'est aimé beaucoup, de femmes comme d'hommes cela lui était égal. Non le problème était qu'elle cherchait les contacts, elle n'acceptait jamais qu'on vienne les chercher soi-même... Trop orgueilleuse pour ça, elle préférait gifler la personne puis attendre pour revenir. Après tout qui aime bien châtie bien. Ou qui est apprécié de Marabelle souffre. Au choix.

Aussi la rousse livra un regard enflammé à sa servante qui après quelques mots se reculait prudemment. Une bonne chose pour elle une mauvaise chose pour Marabelle. Le regard n'était pas vraiment colérique mais plus simplement de feu, de braise. Un regard sombre plein de défi. Et de sadisme. Chez quelqu'un d'autre que la rousse on aurait presque pu dire de désir mais elle n'avait ce sentiment que pour de rares personnes et le pouvoir, juste le pouvoir...

" Caractère désagréable?Tu es mal placée pour parler!Et la beauté n'a rien avoir avec le caractère."

Marabelle eut un sourire amusé et un brin fou. La jeune femme était déjà éloignée, craignant la vengeance de la reine. Ô elle avait raison, vengeance il y aurait eu. Et il y aurait.
S'il elle avait besoin d'un prétexte elle aurait parlé de l'eau se refroidissant. Mais la rousse au mauvais caractère n'en avait besoin d'aucun. Elle se contenta de se lever, voulant sortir du bain, maintenant qu'elle ne sentait plus le chien mouillé.

« C’est vrai je suis peut-être mal placée pur dire cela » la jeune fille esquissa un sourire

« Qu’importe j’avais juste envie de prononcer ses mots » oui, elle voulait juste s’amuser en disant cela, même si cela la concernait également, ça oui on pouvait le dire, elle était des plus désagréable parfois.
La jeune esclave suivit des yeux les mouvements de la rousse, puis s’avança et saisit la serviette de bain pour lui tendre, se trouvant en face d’elle, a porté de main…chose voulu et ainsi elle était assez près pour observer la nudité de la reine.

Bien que son regard enflammé ne lui disait rien qui vaillent, un regard fou l’avait telle poussé autant pour obtenir un tel regard…cela devenait dangereux. Mais la machine était en route, alors pourquoi s’arrêter maintenant, Abrahel allait finir ce qu’elle avait commencer.

« Vous voulez que je vous essuie ? » Cela dit, elle n’attendit aucun réponse de la souveraine, recevoir une négation de sa part aurait détruit son jeu et ce ne serait plus amusant du tout. L’esclave commença donc à frotter doucement le dos de sa maîtresse, tout en essayant de ne pas croiser son regard. Qui aurait pu la couper nette dans ses intentions.

« Je suppose aussi que vous allez me punir pour mon insolence…mais sachez que malgré ça je vous resterais dévouée »

Il y avait dans sa voix un léger cynisme, un air moqueur peut-être était-ce le ton employé qui lui attirerait les foudres de la reine, plus que la phrase et les actes en eux-mêmes. Pour l’instant la jeune esclave tâtait le terrain, testait les limites de la souveraine ne voulant les franchir.

*Alors jolie reine que me réserves-tu cette fois…tu n’es pas faible au point de laisser passer cet accès d’insolence… *

Envie de prononcer ces mots?

Avait on soudain envie de dire de quelqu'un qu'il est désagréable?A part s'il on l'est soit même ou si l'on estime avoir tout pouvoir sur lui... Marabelle eut une moue prouvant le désagrément qu'elle subissait elle n'aimait pas ça. Mais parce encore elle rendrait les coups à la servante. Pas encore, la vengeance a tout à fait le droit de ne pas être pressée.

La rousse se laissa essuyer sans rien dire, sans même observer Abrahel, comme si elle n'était déjà plus digne de son interêt. De toute manière la brune ne cherchait pas non plus son regard,se contenant de lui frotter le dos sans rien dire. Ou du moins quelques instants puisqu'elle ne sembla pas pouvoir résister à l'attrait de parler encore et encore....Dieux que les servantes avaient la langue bien pendue! Toujours à lancer les rumeurs et ébruiter tout. Mais elle en plus s'amusait à la provoquer, à lui parler ainsi...Et avec un air moqueur et cynique. Marabelle inspira une goulée d'air, cherchant à se calmer. Sans succès. Oh et pis hein?

La reine attrapa l'un des poignets de la jeune femme, sans s'occuper qu'elle lâche ou non le tissu. Ca elle s'en fichait comme de sa première tenue. Au contraire même, Abrahel la voulait? A ses risques et périls. La rousse attira la brune vers elle, la collant contre elle en s'arrangeant pour qu'elle ne puisse pas se défaire de son étreinte. Une main qui lui tordait le poignet avec une violence voulu, derrière le dos, pour la maintenir comme elle le souhaitait. L'autre posée sur son épaule dans une fausse douceur. A nouveau ce regard presqu'aux lueurs rouges, enflammé et un rien fou, un rien sadique.

" On ne t'a jamais appris à tenir ta langue jeune imbécile? Tu provoques, tu ricanes. Mais il faut apprendre à assumer. "

Marabelle était très proche de l'esclave mais elle s'en fichait à nouveau. Parlant d'un ton doucereux pas plus haut qu'un murmure dans l'oreille d'Abrahel.

" On ne provoque pas Marabelle Von Esmelda sans avoir ensuite de la casse. Les servantes dans ton genre ne font pas long feu. Dévouée? Pourquoi, pour qui? Comment? "

La rousse eut un rire bref.

Et voilà, arriver à ses fins était si facile qu’Abrahel n’en revenait même pas…et puis si près il lui suffisait d’un seul mouvement de tête pour embrasser Marabelle, ce qu’elle fit d’ailleurs, bien que la douleur lancinante dans son bras lui faisait afficher une expression de douleur.

Chose qui à son avis devait satisfaire pleinement la suzeraine, voir son esclave se tordre de douleur devait être jouissif.

« Désolé, je ne voulais pas vous fâcher »

Encore un mensonge mais la jeune fille s’amusait.

« Vous avez entièrement raison dorénavant je ne parlerai plus pour ne rien dire » elle accentua la fausse véracité de ses paroles en versant quelques larmes…même si son bras procurait d’atroces douleurs la jeune esclave continua dans sa lancé.

« S’il vous plaît, vous me faîtes mal »

Elle plongea pourtant son regard dans celui de la rousse, un regard empreint de défi et qui démentait ses paroles.

« Mais dévouée pour vous…même si vous êtes un monstre…oh pardon je…je ne voulais pas dire cela »

Encore mentir, Abrahem faire que cela, mais là, l’esclave dépassait les bornes et le fouet ou autres supplices l’attendait au tournant. Abrahel le savait et s’en mordit la lèvre, puis reprit plus calmement.

« Madame vous êtes dévêtue »

[nul je sais je me rattaperai au prochain coup]

Lorsqu'Abrahel l'embrassa elle eut un rugissement de fureur. Elle accentua encore la torsion de poignet, précédemment elle s'était retenue car une servante avec un bras en moins et une servante encore moins utile que d'habitude mais tant pis. Elle en trouverait une autre le temps que cette sotte guérisse. Il y en avait temps. Maintenant Marabelle se ficher bien de réduire le poignet de la brune à un état de douleur permanente. Elle-même ne souffrait pas au contraire. Elle voyait Abrahel souffrir et c'était...Bien. On va dire cela.

"Tu ne voulais pas me fâcher?Tu me cherches tu me provoques!"

Un sourire amusé à présent. Sadique mais amusé. Amusé par les quelques larmes qui perlaient à l'oeil visible de la servante. Ca faisait bien longtemps, d'habitude les esclaves se sauvaient à son approche. Là elle s'approchait encore...Sans son accord certes mais elle était bien proche. Marabelle aimait le contact, mais voulait le décider elle-même. Nuance.

"Je te fais mal? Je te fais mal!"

La rousse augmenta le ton de sa voix, soutenant le regard brun de la jeune femme sans ciller. Regard de défi mutuel auquel la reine préférait mourir que céder.

"Tu n'as pas l'air d'avoir mal."

Même si vous êtes un monstre. Madame vous êtes dévêtue... C'était à rire, à hurler. A hurler de rire. Marabelle relacha brusquement Abrahel la repoussant sans douceur à terre. Voulant la jeter à terre car c'était bien ce qu'elle souhaitait. Si possible qu'elle se fasse mal en tombant même. Où se brise quelque chose. Pas la nuque ça briserait sa mignonne servante mais autre chose pourquoi pas.

"Je suis dévêtue oui. Grâce à qui? Mon incapable de servante! Debout! Et aide-moi!"

Marabelle la contempla de haut, sans se soucier de sa nudité. Elle était fière de son apparence et en puisait une force, puisait dans les regards des hommes et des femmes. Elle avait presque envie de saisir la servante par le décolleté qu'elle portait et la mettre debout sans douceur , la secouer et lui adresser une paire de gifle. Mais elle ne s'abaisserait pas à se pencher et à venir se pencher. Non. Mais elle ferait cela plus tard.

La douleur dans son poignet se faisait de plus en plus sentir et dans un effort surhumain Abrahel parvînt à garder son autre bras le long de son corps. Habituellement et en tant que combattante, elle aurait déjà tué et torturé la personne qui avait osé porter la main sur elle, à bien y réfléchir une personne normale serait morte depuis longtemps mais là, c’était une exception…pourtant le mot meurtre était bien le seul qui lui venait à l’esprit en cet instant.

La jeune esclave ne prêta guère attention aux paroles de la rousse, trop occupée à garder son sang froid pour y accorder réflexion et pour y répondre, elle ne devait pas la réduire en charpie et si elle le faisait, comment pourrait-elle sortir indemne de ce château, une vraie forteresse.

Non pour son bien et celui de Marabelle, il lui fallait calmer le jeu, éviter que cela ne tourne au carnage car même si elle était habituée aux sévices corporels son orgueil en prenait un fameux coup.
Soudain par l’on ne sait qu’elle miracle la reine jeta son esclave par terre, tout était flou et confus, la jeune fille devait faire un énorme effort pour percevoir autre chose que le rire tonitruant de la suzeraine, la colère occupait pleinement son esprit, la vengeance aussi.

Mais ce fut une toute autre chose qui la ramena à la réalité, une douleur fulgurante au niveau de bras, elle était tombée et en voulant amortir sa chute son bras fût entaillé par un bout de métal, à coup sur celui qui ornait un des meubles de la chambre.

*merde ! !*

Son bras droit qui plus est, il était maintenant invalide, sachant la peine le mouvoir, la reine de requiem avait obtenu ce qu’elle voulait, en espérant que ça lui procure un certain plaisir sinon, quelle était l’utilité de sa démarche...

Tant pis, la jeune fille s’occupera de ça plus tard, d’abord assouvir les ordres de Marabelle et ensuite si celle-ci daigne, après ce qu’elle vient de subir, lui laisser quelques minutes de répits, Abrahel panserait son bras, il devait bien avoir des bandages dans un tiroir.

Sur ce, elle se leva et s’approcha de la rousse, son regard n’était plus empreint de défis, mais d’une certaine lassitude et d’un calme apparent. La serviette de bain n’était heureusement pas tombée dans le bassin et il ne fallut pas s’en procurer une autre.

L’esclave s’abaissa pour la ramasser et enveloppa délicatement le corps de sa maîtresse avec son bras valide, elle l’essuya lentement et avec douceur, ce qui relevait du prodige.

Abrahel sentait le sang couler le long de son bras, pour l’instant le tissu de ses vêtements servait de bandages et d’éponge précaire, cela ne durerai pas longtemps.

« Vous voulez autre chose ? »

Elle savait pertinemment bien que la colère de la reine n’en était pas pour autant apaisée, le regard fou qu’elle lui lançait le prouvait bien.

Marabelle ne s'occupait déjà plus d'Abrahel et ignorait totalement si elle s'était faîte mal en tombant ou non. Les deux solutions pouvaient être les bonnes, il suffisait de changer de point de vue. Pourtant si elle ne s'occupait plus de la servante elle l'observait toujours, attendant simplement avec une patience étrange. Etrange car ce n'était pas dans ses habitudes de laisser quelques instants de répits à un membre du palais. Mais la raison était à la fois simple, habituelle et..détestable du point de vue de Marabelle. Elle avait laissé dériver son regard sur le corps de la brune. Oh la vision en elle-même n'était pas désagréable, hein. Mais la rousse ne l'avouerait jamais et de plus elle ne pouvait pas accepter cela après ce qui venait de se passer. On ne trouve pas jolie une insolente.

Abrahel s'était déjà relevée et venait obéir à la jeune femme, essuyant l'eau de la rousse. La servante semblait avoir changé d'état d'esprit, plus de bravoure, de défi , rien..Juste obéissance et lassitude. Bien. S'était elle rendue compte de l'esprit de Marabelle? Etait ce un mensonge, une apparence? Ou alors une faiblesse car elle s'était fait mal physiquement en provoquant la jeune reine? Peut-être un mélange de tout cela, l'un d'eux ou aucun d'eux. Peu importait en vérité pour la Requiem. Elle assouvissait son envie de domination à la perfection et pouvait ainsi se reposer en toute tranquilité à présent... Quoiqu'un peu de révolte de temps à autres était toujours intéressant. On ne peut pas frapper indéfiniement les gens pour rien , il faut au moins un prétexte qu'il soit mauvais, peu crédible ou non.

Vous voulez autre chose? Oui certes comme s'habiller pour de bon avec les tenues qu'Abrahel avait apporté il y a quelques temps. Mais pour l'instant ... Marabelle fronça les sourcils en sentant un contact chaud sur elle près d'elle. Pas un contact humain, ceux là elle les connaissait trop bien. C'était une chaleur qu'elle connaissait encore mieux, dont elle se délectait et se ravissait lorsqu'elle la créait. Celle du sang qui coule. Elle sourit complaisamment pour elle-même, avec une étincelle de joie dans les yeux. Elle avait fait saigner la servante...

Marabelle prit doucement le bras blessé, relevant le tissu qui épongeait encore à peu près le sang. Si Abrahel était consentante ou non elle ne le sentit même pas. Elle passa un doigt pâle sur la ligne de la plaie. Peut-être faisait elle mal à la servante. Avec de la chance c'était le cas songea t elle. Pourtant ce n'était pas le but, mais qu'importait à nouveau. Elle se pencha ensuite et déposa un léger baiser sur la plaie. Se redressant elle ajouta d'un ton froid, avec toujours cette même lueur dans les yeux.

"Habille-moi."

Le bras d’Abrahel ne la lançait plus, à vrai dire la douleur s’estompait de plus en plus, ou bien l'esclave s'y était-elle habituée…mystère.

Il est vrai que la souffrance ne lui était pas étrangère et que dans un instinct de conservation son corps, une fois mis à l’épreuve, occultait la douleur.

Les quelques minutes de répits octroyées par la reine intriguèrent fortement la jeune fille, se demandant pourquoi celle-ci n’avait pas continué sa sale besogne, c'est-à-dire lui infliger le plus de blessures possible. Quoi qu’il en soit, elle ne saurait jamais le pourquoi du comment, c’était peut-être mieux ainsi, la folie de la suzeraine ne lui disait rien qu’y vaille, essayer de la comprendre était impossible et suicidaire pour son propre esprit.

Soudain le regard de la monarque se posa sur le bras ensanglanté d’Abrahel, qu’avait-elle donc derrière la tête, rien de bon à coup sur. Pour ensuite saisir le bras de la pauvre enfant, le contact n’était pas douleur mais déplaisant comme si les ondes malsaines de Marabelle aggravaient la plaie ce qui soit-dit-en passant était impossible mais s'est ce que ressentit l’esclave. Une grimace de dégoût apparus sur son visage et elle se retînt bien que mal de retirer son bras.

Le baiser fût de trop, la jeune fille retira brusquement son bras, jetant un regard malveillant à sa maîtresse. Pour qui ce prenait-elle…non bête question, c’était la souveraine, elle régissaient tout y compris le droit de vie et de mort sur ses esclaves, alors un simple baiser lui était doublement permis.

« Habille-moi » lui ordonna-t-elle sèchement.

« Oui ma reine »

Abrahel s’exécuta au plus vite, cherchant des yeux les vêtements de la reine.

Portant ceux-ci à bout de bras, elle revînt vers sa maîtresse et tout en tentant d’habiller la reine, l’esclave effleura longuement le dos nu
de la reine, geste malencontreux ou pas qui sait…

La grimace de dégoût donna deux envies à Marabelle: hurler de rage et déchaîner la colère qui envahissait son corps pour apprendre à la servante à ne pas être dégoûtée à son contact.. Cela aurait du être tout le contraire logiquement...Surtout que quelques instants encore auparavant c'était elle-même qui venait chercher ce contact. Deuxième envie? Eclater de rire, cela aurait était en effet assez comique sil'orgueil immense de la rousse n'avait pas été égratigné.

Tiens madame Abrahel retirait son bras de son étreinte? A nouveau bouillonnement de rage dans les veines de l'explosive reine. Quoiqu'à nouveau cela lui donnait à réagir et à hurler de colère. La fureur, surtout à l'avis de Marabelle, était bien préférable à l'ennui... Tant qu'on gagnait « l'affrontement » du moins. Car même si la résistance était parfois agréable il fallait bien que le résultat soit le même: la victoire de la jeune reine. Elle n'accepterait jamais de perdre.

Aussi le regard teinté de malveillance de la brune ne lui plut pas. Pas du tout même. Elle s'autorisa un sourire amusé tout en déclarant simplement, abandonnant le reste de l'affaire.

« Ce n'était pas toi qui cherchait un baiser? Il faut savoir ce que tu veux. »

A nouveau contact. Involontaire ou volontaire? Tout était dans cette question même si dans le doute la rousse avait l'habitude de punier. La légère caresse sur son dos encore nu était agréable certes mais...Pas autorisée. Visiblement ce genre de chose amusait beaucoup Abrahel. Tant mieux pour elle, et puisqu'il fallait jouer....Marabelle se contenta de se tourner légèrement vers elle, lui lançant un regard en coin. Regard en coin, long mais non sadique. Ou presque car ni folie ni sadisme dans les yeux clairs de la monarque était tout simplement impossible. Un regard un brin amusé, sans rien dire.

[Pas d'inspi, sorry >.< ]

L’abandon faisait aussi partie du jeu d’Abrahel, chercher le contact même au risque de finir brûlée vive, titiller la reine pour ensuite s’en aller et tout arrêter, provoquer la colère d’une personne et fuir celle-ci la laissant dans un état de rage ou encore séduire quelqu’un et lorsqu’il vînt à éprouver du plaisir le laisser penaud et non satisfait.

« Vous aviez raison, mais maintenant je n’ai plus envie… »

Elle savait qu'un telle phrase provoquerait à coup sur un fou rire chez la reine, qui la gratifierait d'un air mauvais et supèrieur, plus une petite phrase mesquine.

Certes elle aurait aimé aller plus loin beaucoup plus loin même mais bon, c’était trop tard, son jeu prenait fin et elle allait disparaître de la chambre, enfin si la souveraine de requiem ne l’en empêchait pas…

La jeune esclave ne saisit pas le sens du regard que lui adressait la monarque, il paraissait différent des autres mais était-il de bonne ou mauvaise augure…quoiqu’il en soit la suzeraine était fin prête vêtue et parée des plus belles tenues, il ne manquait plus que les bijoux.

Mais Abrahel ne se serait jamais permise de mettre une main sur les joyaux de la reine, ceux-ci lui appartenaient et elle les gardait jalousement quelque part dans ses appartements, la jeune esclave aurait fait de même.

« Voilà ma reine…je suppose que vous n’avez plus besoin de mes services, je peux donc m’en aller… »

Cela dit, elle pivota sur ses talons.

« Si vous avez besoin de quoi que se soit, j’accourrais le plus vite possible »

En tant qu’esclave personnelle de la souveraine, elle se devait d’être à ses cotés 24h sur 24h et ne pouvait se permettre de quitter les environs de Marabelle, chose qu’elle s’apprêtait d’ailleurs à faire et cela sans la permission de la dame de requiem.

Je n'ai plus envie... Petite sotte avait envie d'hurler Marabelle. Mais quel est le grand privilège du pouvoir absolu? Celui de pouvoir faire absolument tout ce que l'on voulait. Même si c'était fou, suicidaire, imbécile ou sans rapport avec la situation donnée. Après tout, lorsqu'on n'a point de maître au-dessus de toi et que l'on méprise mort et dieux, qui peut bien nous en vouloir et nous réprimander? Personne et la rousse estimait avoir passé l'âge de faire gronder par qui que ce soit. Passé l'âge et passé le pouvoir aussi. Aussi elle ne se retient pas bien longtemps, succombant à son envie.

"Petite sotte..."

Tout cela dans un sourire évidemment, ces quelques syllabes glissées entre ses dents, entre ses lèvres sangs, résoluments closes. Tu n'as plus envie? Pourtant Marabelle venait à peine de commencer à jouer. Que des paroles bien évidemment, la grande désolation créée par les serviteurs incapables qui l'entouraient..Incapables de la servir mais aussi d'aller jusqu'au bout, combien la haïssaient, voulaient sa mort? Beaucoup.
Mais aucun n'osait.

"Tu n'es pas de la race à pouvoir avoir des envies."

Tu peux donc t'en aller? Oh certes ma belle, tu ne m'est plus utile pour l'heure mais qui t'a donné l'autorisation? Pas moi en tout cas songea la jeune femme. Elle secoua doucement la tête, agitant ses boucles. Air désolé et presque attristé. Non pas attristé pour elle mais pour Abrahel.

"En effet tu m'es inutile. Mais tu ne peux pas t'en aller. Je t'ai donné la permission?"

Ton ingénu qui détonnait avec le regard sombre de la rousse. Moque toi Abrahel , Moque toi... Elle se détourna d'elle légèrement, jusqu'à s'asseoir sur le bord du lit, comme une jeune première au tempérament rêveur. Bref tout son absolu contraire. D'ailleurs le ton dur qu'elle reprit le confirmait, tandis qu'elle balayait la pièce du regard, s'arrêtant d'un air appuyé sur la bassine.

"Et même si tu pouvais partir, tu n'as pas oublier d'emporter quelque chose?"

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