Plans machiavéliques ourdis dans le plus grand secret.

Elmère, ce matin, était satisfaite, elle aurait même pu être heureuse si elle se l’était permis. Les travaux du palais étaient achevés depuis plusieurs mois et l’aménagement intérieur, quoique encore imparfait ne lui demandait plus, chaque jour, que quelques notifications à son intendant. Les architectes q’elle avait emmené avaient bien travaillé de même que les mages pour offrir à leur reine ce palais de glaces qui convenait parfaitement à l’image qu’Elmère cherchait à donner.

La maison du palais et la cour avaient étés purgés de leurs rebuts chez qui pouvait poindre encore un reste d’amitié ou de loyauté à Marabelle ; les geôles bien remplies, à bonne distance, laissaient parfois, la nuit, s’échapper une plainte déchirante qui aidait à réorienter les idées déviantes qui pouvaient apparaître. Elmère avait ainsi assuré son confort et sa sécurité. Elle avait à présent tout son temps pour assurer son pouvoir.

A ce mot, sa belle main pâle se crispa sur l’accoudoir de marbre blanc du trône à haut dossier, taillé d’un seul bloc, qu’elle occupait dans la grande salle, faisant saillir des veines rouges. Ce geste révélait l’association étroite qu’elle avait faite entre le concept de pouvoir et ce siège, réplique exacte de celui de feu son père, dans lequel elle avait joué si souvent, enfant, et que sa sœur avait l’outrecuidance d’occuper à sa place. La colère avait ramené Elmère à son but premier lors de l’érection de ce palais. C’était à cause de sa sœur qu’elle avait été contrainte de quitter les murs de son enfance pour venir enfermer son cœur derrière ces murailles de glace, de se terrer dans ce nord frigorifique. Ici au moins était-elle en sécurité. Mais cet isolement n’avait pas que des avantages, certes il cachait Elmère aux yeux de sa sœur mais l’effet inverse était tout aussi vrai. Elle n’avait pas eu de nouvelles de Requiem depuis plus d’un mois. Pas un seul rapport sur la situation au Sud. Ses espions étaient-ils donc tous morts ? Qu’importe mais qu’ils envoient leur rapport dans un dernier geste. Ou ces documents s’étaient perdus avant d’arriver jusqu’à elle. Auquel cas, il y aurait une forte augmentation des emplois à pourvoir dans l’administration, tant au service des missives que comme bourreau. Un rictus mauvais déforma les lèvres rouges de la reine tandis qu’elle sonnait.

Un des jeune domestiques en faction derrière les portes de la grande salle, en face du trône, entra et s’avança vers Elmère. Il paraissait terrifié et marchait les yeux baissés en semblant regretter amèrement ses talonnettes de bois qui claquaient et résonnaient bruyamment. Se trouver seul avec la reine n’était une partie de plaisir pour personne au Palais.

- Votre majesté désire ?

Ces paroles rituelles, maintes et maintes fois répétées avaient toujours du mal à sortir devant ce visage terrible dans lequel toute l’expression se concentrait en deux braises rougeoyantes. Les yeux de la reine semblaient les seules parties vivantes de son corps.

- Amenez-moi Höd.

Le visage du garçon se tordit comme sous l’effet d’une violente douleur. Höd n’était pas au Palais, il allait falloir prononcer quelques mots de plus, bredouiller, s’expliquer, la reine perdrait probablement patience devant ses tentatives minables et lui perdrait beaucoup plus…
Cet état amusait Elmère qui savait quels sentiments agitaient le pauvre jeune homme. En temps normal, elle l’aurait laissé dans cette situation, mais elle était pressée.

- Et bien trouvez le moi et amenez-le.

- Bien, votre majesté.

Ces mots avaient étés soupirés plutôt que dit. Le soulagement du domestique était palpable. Il repartit presque en courrant pour justifier par son zèle l’indulgence de dont il venait d’être gratifié.

Esteban avait quitté la capitale Requiem depuis plusieurs jours en direction des terres contrôlées par le clan Nightmare. Ce n’était pas la première fois qu’il s’y rendait, en fait la deuxième. Après l’apparition du conflit entre les deux sœurs héritières du trône d’Azilis, le spectre avait parcouru ce chemin pour observer les lieux où la sœur Nightmare s’installait avec sa cour. De son vivant, il ne s’était jamais aventuré dans le Nord du Royaume, mais avait appris qu’un climat très hostile y régnait : l’hiver y était permanent, la neige et la glace omniprésentes. A son premier voyage en ces contrées, il avait pu constater, malgré l’absence de sensations depuis sa mort, que le froid y était effectivement maître. Seuls les partisans Nightmare osaient affronter cet environnement, cherchant à le maîtriser pour y fonder leur capitale. Esteban n’était pas resté plus longtemps et était reparti pour la capitale Requiem.

Cela faisait plusieurs mois déjà qu’il avait laissé les Nightmare à leur tâche colossale, espérant que leur espoir ne soit pas vain. Aujourd’hui il allait enfin voir les résultats de leurs efforts. Encore quelques kilomètres, et il devrait avoir rejoint leur foyer. Il longeait le chemin juste au dessus du sol, et finit par s’arrêter, restant immobile en lévitation : la capitale était en vue. S’il avait été encore humain, Esteban n’aurait pu retenir un cri de surprise : face à lui se tenaient d’immenses et magnifiques structures taillées dans la glace. Les travaux avaient donné naissance à un gigantesque palais, creusé dans la montagne. Les Nightmare avaient réussi là un véritable chef-d’œuvre. Après avoir marqué un temps d’arrêt, le spectre reprit sa route vers le bâtiment gelé.

Esteban était un peu perdu dans l’immensité des salles, habitué aux ruelles de la capitale Requiem, mais il s’enfonçait petit à petit dans la structure et pensait en approcher le cœur. Il croisait de temps en temps des domestiques mais évoluait en toute discrétion et ainsi n’en attirait par l’attention. Au bout de quelques instants, il entendit des voix s’élever ; le ton était troublant, et le son résonnait sur les grandes parois glacées du palais. Le spectre traversa un dernier mur et se retrouva dans une salle aux dimensions plus impressionnantes encore que le reste des lieux. Des piliers de glace se dressaient un peu partout, et permettaient à Esteban de s’avancer sans se faire remarquer. Le dialogue qu’il entendait continuait, et il en comprit finalement une phrase : « Bien, votre majesté ». Il remarqua enfin une allée menant à ce qui semblait être le trône du palais.

Mais son attention fut d’abord portée sur un jeune garçon aux airs de domestique, certainement l’auteur des dernières paroles, qui courait vers la sortie ; il faillit trébucher en voyant le spectre qui s’était légèrement avancé sur le chemin, mais reprit son allure et passa les portes. Esteban se tourna alors, semblant diriger son regard, caché sous sa capuche, vers le trône. Il y vît une belle jeune femme ; elle ne pouvait qu’être la fille de l’ancien Roi d’Azilis, la sœur Nightmare. Le spectre s’approcha encore un peu, restant tout de même à bonne distance, et prit la parole :

"Vous voilà donc, Majesté, Elmère von Esmelda."

Il marqua une courte pause, et empoigna sa capuche qu’il abaissa lentement, dévoilant les longs cheveux noirs qui recouvraient son visage. Il continua en s’inclinant respectueusement, avec une légère gestuelle qu’imposait le rang de la personne qu’il avait face à lui :

"Je me nomme Esteban, et vous prie d’excuser mon arrivée impromptue ; je viens me présenter à vous en tant que messager de l'Ex-Azilis."

Ses courtisans avaient peut-être informé la sœur Nightmare du rôle d’Esteban, quand ce dernier s’était présenté à quelques uns d’entre eux, aux débuts de leur installation. Mais seule la réaction de la reine, très attendue par le spectre, pouvait y répondre. Il se contentait de conserver sa position et le regard au sol.

Elmère, toute à la satisfaction de voir ce pitoyable esclave déguerpir avec empressement s'était replongée dans ses pensée hégémoniques. Aussi fut elle passablement surprise de se voir interpellée aussi cavalièrement.

"Vous voilà donc, Majesté, Elmère von Esmelda."

Elle leva lentement les yeux pour découvrir l'impudent qui osait une telle insolence et découvrit une silhouette diaphane en lévitation au dessus de son dallage de glace. Le fantôme encapuchonné, malgré ses paroles ssemblait reconnaitre les honneurs dus à son interlocutrice et fit une élégante révérence après avoir retiré sa capuche. Ses traits n'en restaient pas moins difficiles à dicerner et la limite entre son ample manteau et son corps était indécise. C'était la prmière fois qu'Elmère voyait un fantôme, ils n'apparaissaient que pour annoncer des événements importants ou accomplir de hautes et mystérieuses volontés. Quoi qu'il en soit, un fantôme n'était jamais à prendre à la légère.

"Je me nomme Esteban, et vous prie d’excuser mon arrivée impromptue ; je viens me présenter à vous en tant que messager de l'Ex-Azilis."

Son ton était devenu plus respectueux, mais qu'importait, il était difficile de faire quoique ce soit à un fantôme. Cette impuissance peu habituelle mettait l'impérieuse reine mal à l'aise. De même que la capacité de ce fantôme à entrer comme bon lui semblait dans son propre palais. Son orgueil de tyran était pour le moins froissé de cette créature qui échappait totalement à son pouvoir. Elmère résolut de toucher quelques mots des fantômes à Uni. Mais Esteban pouvait aussi lui servir, elle qui s plaignait justement de ne pas être suffisement informe des agissements de sa soeur venait peut-être de trouver un espion idéal. Restait à convaicre un fantôme qui n'avait à priori rien à gagner ni rien à perdre de travailler pour elle; tâche ardue. Elle répondit donc de son ton le moins offensé.

"Enchanté, Esteban, que peut me valoir la visite d'un fantôme. Je ne crois pas avoir déjà eu affaire aux votres."

Esteban savait qu’il avait perdu certaines manières depuis sa mort, mais s’il se présentait ainsi, c’est qu’il jugeait sa tenue suffisamment correcte. Cette conviction ne semblait pourtant pas partagée par la sœur Nightmare : bien qu’elle ne perde rien de sa prestance, le spectre sentait une surprise. Il ne quitta pas sa pose et écouta attentivement les paroles de la reine. En fin de compte, elle ne semblait pas trop gênée par la présence du fantôme –c’était en tous cas en ce sens qu’allaient ses mots.

Esteban se redressa lentement, et pointa sa tête vers le trône. Son regard était occulté par ses cheveux ainsi que le flou qu’imposait son état, et ne devait donc aucunement importuner la jeune femme. Cependant, lui-même n’arrivait pas à lire l’expression du visage de son interlocutrice ; quel était donc son état d’esprit ? Etait-ce sa place de souveraine qui rendait cette impression, ou bien jouait-elle avec cet effet ? Ces questions auraient pu lancer le doute dans l’esprit du fantôme, si la vie ne l’avait quitté. Mais il était bien spectre, et demeura imperturbable, comme à son habitude. De la même façon, il ne bougea pas, préférant éviter d’importuner la reine. Il donna sa réponse sur le même ton que précédemment :

"Je ne connais aucun autre spectre, Majesté."

Il espaça cette remarque de la suite, qu’il prononça en inclinant légèrement la tête, comme l’étiquette le nécessitait :

"C’est la séparation du Royaume qui a déclenché ma venue ; je suis au service de ses souverains, en l’honneur d’Azilis."

Après ces mots il resta encore une fois incliné, et n’attendait que la réponse de la reine.

Le fantôme ne manifestait aucunes émotions, il se tenait respectueusement devant Elmère, légèrement courbé mais sans affectation. Cette attitude digne e fantôme ne manifestait aucunes émotions, il se tenait respectueusement devant elle, légèrement courbé mais sans affectation. Cette attitude digne surprenait la reine qui avait l’habitude de ne voir que des esclaves rampants autour d’elle, et ne lui déplaisait finalement pas. Il était flatteur de ne trouver des interlocuteurs à sa mesure que dans l’autre monde.

"C’est la séparation du Royaume qui a déclenché ma venue ; je suis au service de ses souverains, en l’honneur d’Azilis."

Ces mots, prononcés avec emphase, provoquèrent une légère moue mi-ironique mi-gênée chez Elmère. Mais ce ne fut qu'un éclair et son regard se durci aussitôt. Elle trouvait l’utilisation d’un pluriel devant le mot « souverain » tout à fait déplacé et le rappel de la séparation du Royaume faisait remonter une vague de souvenir désagréables.

« Cette dévotion me touche, mais vous n’êtes certainement pas sans savoir que ma sœur et moi que vous semblez mettre sous l’appellation de souverains connaissons quelques différents. Aussi, le service que vous nous proposez risque d’être incompatible avec nos intérêts respectifs. Il me semble impossible que vous puissiez concilier des obligations contractées à mon égard et au sien, si tel est déjà ou devait être le cas. J’apprécie donc le prix de ce que vous me proposez mais ne pourrais l’accepter que si cette offre restait unilatérale. »

Evidemment, les propos d’Esteban n’étaient pas de ceux que la sœur Nightmare tolérait, et il les avait tenus en le sachant pertinemment. Il ne voulait absolument pas entrer en conflit avec la reine, mais indiquer clairement ses positions. La situation exigeait d’être entièrement compris, surtout en ce qui concernait l’adhésion à l’un ou l’autre des clans. Or, le spectre se refusait toute affinité, et n’en avait de toute manière aucun désir. La réponse de la jeune femme ne laissait pas non plus la moindre ambigüité : elle rappela le contexte et rectifia en donnant ses exigences. Naturellement, il s’agissait de n’être qu’à son seul service, au détriment des Requiem.

C’était la première rencontre d’Esteban avec l’une des sœurs, mais elle lui suffisait amplement pour comprendre l’étendue du problème. La déchirure du Royaume et les rumeurs étaient déjà des signes évidents de la haine entre les cours, mais l’entretien que connaissait à présent le spectre ne faisait qu’accroître ce constat. Ainsi donc se présentaient les choses…Et ce n’était pas un bon début. Qu’importe, le fantôme devait y tenir son rôle, et espérer pouvoir lutter contre cette guerre qui meurtrissait Azilis. Il plaça de nouveau son regard vers le trône, et répondît posément :

"Je ne peux vous garantir un tel appui, Majesté. Mon rôle exige une totale impartialité. Mais en cette condition, je vous suis dévoué."

Abaissant le regard, il replaça sa capuche, qui voila de nouveau son visage, continuant :

"Si vous souhaitez mon intervention, faites-le savoir et je me présenterai à vous."

Il s’inclina une nouvelle fois, finissant :

"Si vous voulez bien m’excuser, je vais vous laisser à vos occupations."

Esteban n’attendait que l’approbation de la reine pour quitter les lieux.

"Je ne peux vous garantir un tel appui, Majesté. Mon rôle exige une totale impartialité. Mais en cette condition, je vous suis dévoué."

*Et bien en cette condition, tu ne me sers pas à grand chose. Dommage, ce spectre eut été le meilleur des informateurs sur ma soeur.*

"Si vous souhaitez mon intervention, faites-le savoir et je me présenterai à vous."

Ce fantôme ne se proposait donc que de rétablir le contact entre Nightmare et requiem. C'était peine perdue, mais après tout, il avait l'éternité pour rriver à ses fins. Elmère cacha sa décéption et parut
accepter l’attitude neutre du spectre. Mais il ne contrarierait pas longtemps les volontés de la reine légitime d’Azilis. Uni trouverait bien un moyen de le soumettre.

"Si vous voulez bien m’excuser, je vais vous laisser à vos occupations."

Elmère le congédia donc sans amertume apparente d’un geste aussi royal que possible pour en revenir à ses préoccupations. Elle réfléchirait plus avant à cette étrange apparition lorsqu’elle en aurait le temps, une reine se devait de ne pas se laisser distraire par quoique ce soit, aussi hors du commun que cela parusse.
Ces crétins de domestiques devaient bien avoir eu le temps de trouver Höd à présent, Elmère pestait contre ce manque de diligence en se promettant d’en faire pâtir quelqu’un. Elle mit cette attente à profit pour préparer mentalement son prochain entretien, cel commençait à lui peser.

Au geste de la reine, Esteban se courba un peu plus, puis, sans vraiment se redresser, il s’effaça au travers d’un mur. Une fois dans les couloirs il se dirigea vers la sortie, en évitant à peine moins les domestiques qu’à son aller.
Enfin il avait pris contact avec l’une des sœurs, et même si cela n’avait pas été très prometteur, il pouvait considérer qu’il s’agissait d’une avancée. Le temps permettrait peut-être à la sœur Nightmare de lui trouver un rôle qui conserve sa neutralité...C’est avec ces pensées que le spectre sortait du Palais et traversait la capitale –qu’il aurait bien visité de son vivant, si cela lui avait été possible. Mais rien n’y retenait son intérêt pour le moment, et il en sortit comme il y était rentré. Il se tourna une dernière fois pour contempler les structures de glace, puis reprit la route vers les terres des Requiem. Il fallait prendre contact avec la seconde sœur, à présent.

[oui, bon, j'avais pas grand chose pour accompagner ma sortie...M'enfin, c'était pas un message vital, après tout]

L'après midi était déjà bien avancée lorsque Höd repris son chemin à travers la moitié du royaume dans laquelle il résidait. Il ne distinguait pas toujours aisément la différence entre le jour et la nuit quand il était plus jeune, car ses yeux ne lui facilitaient guère la tâche. Mais avec le temps il s'en était accommodé et cela ne lui posait plus tant de soucis. Le soir tombait doucement sur le royaume et l'air se faisait plus doux bien que toujours très vivifiant par ce rude hiver.

Le semi-démon arpentait un chemin où la neige était encore immaculée lorsqu'il se retrouva en vis à vis avec quelqu'un. L'homme était plutôt petit face à Höd et une espèce de crainte sur son visage le rendait davantage insignifiant. Il s'adressa à lui, au prix d'un certain effort semblait-il, pour ne pas bredouiller et se montrer succinct.

<< Excusez-moi de vous importuner messire Höd, mais sa majesté Elmère Von Esmelda vous demande au palais dans les plus brefs délais. >>

Höd le dévisagea, mais le valet n'en dit pas plus, baissant quelque peu les yeux devant le regard froid et dur du semi-démon. Depuis quand était-il partit à sa recherche, combien de temps avait-il fait demeurer sa majesté dans l'attente ?

"J'espère que tu n'as pas traîner pour m'avertir vermine ou il t'en coûtera."

Sur ces mots il passa devant le serviteur qui trembla à ces paroles et pris rapidement la direction du château. Que désirait donc Elmère pour le faire mander ainsi, alors qu'elle semblait n'avoir guère besoin de ces services aujourd'hui ? Höd fit au plus vite et se trouva diligemment au abords du palais. Il poussa les grandes portes de l'entrée et se hâta vers la salle du trône. Sur son passage quelques valets reculèrent d'un pas effrayé afin de ne pas se trouver sur son chemin. Lorsqu'il atteint la salle il ouvrit un peu plus calmement les portes de celle-ci et pénétra dans la vaste pièce.

Elmère se tenait en son centre et l'attendait ... impatiemment. Höd s’avança puis s’arrêta à un mètre de la jeune femme. Celle-ci paraissait passablement irrité de cette attente.

"Veuillez pardonner mon retard majesté, il semble que le personnel soit encore trop habitué à la mansuétude de l'usurpatrice."

Dit-il sur un ton quelque peu consterné tout en s'inclinant. Il releva ensuite la tête et continua.

"Vous souhaitiez me voir?"

Höd venait d'entrer, il était habile, il savait déceler instantanément et presque à coup sûr l'état d'esprit de sa reine et adapter son attitude en conséquence. Dès qu'il vit l'impatience d'Elmère, il s'introduisit d'une phrase par laquelle il se dédouanait tout en flattant et continua e, l'interrogeant d'un regard attentionné. Habile, très habile, Elmère aimait ça.

"Oui Höd, je souhaitait te voir, tu n'en es pas content ?"

Elle laissa le courtisan protester du contraire en souriant, amusée, et poursuivi.

"Je t'ai fait venir parce que mon intendant est un imbécile. La chose est admise depuis longtemps, mais j'aimerais que tu règle ce qui peut être une de ses erreurs ou des tiennes. Tu me sera reconnaissant de la présomption d'innocence que je fais peser sur toi, tu sais que ce n'est pas mon habitude.
Vois-tu, cela fait maintenant plusieurs mois que nous sommes installés ici et que j'ai essayé de faire de cet endroit une forteresse imprenable et je pense avoir réussi dans ce but. Mais en partant de la capitale, j'avais laissé de nombreux agents chargés de m'informer de ce qu'y s'y passait en mon absence. Or je me rends à présent que j'en ai le temps compte que je ne reçois plus de nouvelles fraîches de Requiem. As-tu, Höd, une explication à cet état de fait ?"

La voix d'Elmère, calme et froide durant tout son exposé du problème s'était durci sur la dernière question, montrant clairement à Höd qu'il ne fallait pas prendre au pied de la lettre ses paroles quand à la présomption d'innocence. Le courtisan avait interêt a avoir une bonne justification ou une bonne personne sur qui faire retomber la faute.

[HRP]Désolé pour mon retard dans la réponse, j'ai été occupé.[/HRP]

La première phrase d'Elmère entraîna quelques protestations de Höd qu'elle fit taire rapidement un sourire amusé aux lèvres. Elle l'avait fait exprès et pourtant il n'avait pas encore acquis l'habitude ... peut être était-il trop habitué à son caractère quelque peu versatile qu'il n'était pas toujours simple de cerner même pour lui. Mieux valait se laisser prendre de temps à autres plutôt que de commettre une erreur.

Il l'écouta alors continuer attentivement. Un imbécile son intendant ... ce n'était plus à prouver en effet, mais cette fois, les bourdes de celui-ci risquaient de peser sur les épaules de Höd. Il s'attendit au pire, mais les paroles d'Elmère s’avéraient de moins en moins inquiétantes plus elle parlait, Höd avait une explication à lui fournir, même si celle-ci n'était pas parfaite. Récemment il avait eut une entrevue avec son contact personnel en Requiem, et celui-ci avait pu le renseigner à ce sujet.

"D'après mes sources, il semble que vos agents aient été soit éliminés soit mis aux arrêts afin d'être interrogés."

Comme il n'avait d'idée précise à ce sujet il comptait attendre davantage d'informations pour en faire-part à sa majesté Nightmare. Mais maintenant il fallait s'arranger autrement et limiter les dégâts.

"J'attendais une confirmation à ce propos afin de vous en faire-part, pour ne pas vous importuner inutilement avec des informations encore peu concretes."

Cela allait-il suffire à Elmère? Le semi-démon gardait de sérieux doutes à ce sujet, des détails imprécis ne pouvaient qu’empirer la situation actuelle et il préféra continuer sur sa lancée.

"Je peux, si vous le désirer, me rendre personnellement en Requiem afin d'acquérir plus de certitudes."

Ainsi il ne devrait avoir trop de problèmes, si ces agents étaient dans l'incapacité de l'informer, il restait la seule personne le mieux placer pour s'en charger.

Les commissures des lèvres d'Elmère se plissèrent en son habituel petit sourire froid. Peu de choses parvenaient à lui rendre sa bonne humeur une fois un problème détecté. L’habileté de Höd comme courtisant en faisait partie. Il avait su, tout en se trouvant comme excuse un excès de préventions à son égard réussi à couper court aux récriminations en proposant de lui même l’ordre que sa reine allait manifestement lui donner. C’était hypocrite et malin à souhait. Tous deux savaient ce que l’autre pensait de ses paroles mais ce petit jeu faisait partie de l’étiquette. Et tant qu’Elmère en fixait les règles, elle n’avait pas la victoire trop mauvaise.

Cet « il semble » me consterne Höd, il me semble à moi aussi qu’ils ont disparu, de même qu’il me semble que ma sœur est peu occupée de Nightmare en ce moment et de même qu’il me semble qu’elle en est encore à asseoir son pouvoir sur son nouveau royaume.

Mais si je n’avais besoin que d’impressions, je ne me fatiguerais pas à employer des espions. Je n’ai que faire de tes spéculations Höd, je veux des certitudes.

Cette phrase s’achevait d’un ton impérieux, il n’était pas question de montrer à Höd qu’elle affectait l’irritation. Il le savait certainement déjà très bien.

Que m’importe, si tu y vas toi-même ou si tu envoies quelqu’un, pourvu que tu me procure un compte rendu détaillé de la situation chez ma sœur avant que mon Palais n'ait eu le temps de dégeler.

Elle le congédia ensuite, selon son habitude, sans une parole, sans un regard, d'un simple geste rapide et sec.

Visiblement, Elmère n'était satisfaite de sa réponse. Höd ne pouvait que la comprendre, et c'est bien pour cette raison, qu'il s'était gardé de lui en toucher mot auparavant. Mais le mal était fait, et il en était presque tenu responsable. L'intendant risquait de passer un très mauvais quart d'heure la prochaine fois qu'il croiserait le semi-démon. Il l'écouta poursuivre sur un ton consterné qui faisait bien comprendre à Höd son mécontentement, et le fait qu'il devrait y résoudre d'une façon ou d'une autre. Elle exigea alors un compte rendu détailler de ce qu'il en était vraiment, quel que soit la manière dont il devrait s'y prendre. Le semi démon, n'esquissa pas le moindre geste, son visage restant impassible, pas la peine de manifestaer quoi que ce soit pour l'instant.

"Bien Majesté, cela sera fait selon vos désirs."

Dit-il sur un ton à moitié soumis. Envoyer quelqu'un ne servirait certainement à rien, il devrait donc se rendre en Requiem lui même afin d'apporter à Elmère le plus de renseignements possible. Höd s'inclina lorsqu'il fut congédier et se détourna de la soeur Nightmare. Il sortit de la salle et se dirigea vers l'extérieur, non sans taper les serviteurs présents sur son passage alors quil n'était pas 'excellente humeur. Il s'engagea ensuite dans l'aile nord du palais afin d'aller se préparer pour partir et donner quelques ordres et indication à ses serviteurs pour pendant son absence.

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