Un jour ordinaire d'une esclave extraordinaire [PV Elmère]

Maedusa s'ennuyait ferme en cette fin d'après midi : sa maîtresse était partie depuis de longues heures pour assister à une fête ou à une réunion, Maedusa ne savait pas exactement. La seule chose qu'elle savait, c'est que sa souveraine ne lui avait pas permis de l'y accompagner, peut-être parce qu'elle ne souhaitait pas trop impressionner des convives gras, bedonnants, peureux et innofensifs, ou peut-être simplement parce qu'elle ne tenait pas à laisser tomber des secrets d'Etat dans les oreilles d'une nouvelle esclave.

Maedusa comprenait cela mais elle ne pouvait pas l'accepter. Aussitôt après avoir aidé Elmère à s'habiller, celle ci l'avait laissé en plan dans les appartements royaux, avec interdiction formelle d'en sortir. Frustrée de ne pas pouvoir accompagner sa maîtresse, Maedusa avait dû passer sa rancoeur sur les femmes de ménage qui ne faisaient pas assez bien leur travail, sur les lingères qui avaient failli froisser les robes royales et sur les autres incapables qui étaient passés à portée de sa mauvaise humeur légendaire.

Elle savait qu'on ne la considérait que pour une esclave inutile et persuadée d'être capitale, humiliant et blessant toutes les personnes à qui elle adressait le venin délicat de ses paroles mesquines. Elle savait qu'on l'appellait la vipère, la couleuvre, mais elle n'en avait cure : ces rats ne méritaient même pas qu'elle leur adresse la paroles. Une remarque d'Elmère et ils mouillaient qui leurs chausses, qui leurs robes. Une seconde et au moins un coeur avait lâché à la cour, quand ce n'était pas la tête...

Maedusa n'était pas comme ça. Bien sûr, elle ne cherchait pas à provoquer sa reine, elle était peut-être folle, mais pas suicidaire pour autant ! Mais tandis que tous les courtisans trouillards la suivaient pour recevoir une miette de son pouvoir ou une parcelle de sa richesse, Maedusa aimait à penser qu'elle suivait sa reine uniquement pour sa personnalité. Bien sûr, c'était faux, d'une part elle n'avait pas le choix, étant au mieux sa servante, au pire un animal de compagnie, d'autre part elle restait aussi avec elle pour ne pas subir le calvaire de la vie de paria, dissimulée au fin fond d'une forêt sombre ou d'un marais puant, mais quoi qu'il en soit, elle était bien une des seules personnes à oser regarder Elmère dans les yeux si celle ci l'exigeait, et à pouvoir le faire sans que ni son ceour ni sa vessie ne lâche. Cela faisait de la jeune méduse, Maedusa en était persuadée, un être exceptionnel.

Le son de l'ouverture de la porte de l'entrée des appartements royaux perturba le silence ambiant, un son discret mais audible pour une méduse comme elle. Ce simple son suffit à la faire sortir de ses rêveries idiotes. Cela ne pouvait être qu'Elle, n'importe qui d'autre aurait toqué. Elle se leva du tapis sur lequel elle s'était installé une fois les tâches de la journée accomplie, ajusta sa robe bleue glace, cherchant à paraître aussi impecable que possible à sa Maîtresse, après tout il en allait de sa vie et se dirigea d'un pas rapide vers elle. Tous les souverains détestent attendre, c'est bien connu...

Arrivée devant Elmère, elle s'arrêta net et fit une révérence impeccable, enfin presque, et sussurra de sa voix délicate :


"Bonssoir Maîtressse ! Ssela ss'est il bien passsé ?"


[HRP] Pour info, Maedusa parle bizarement, c'est pour ça que dans les phrases qu'elle prononce on trouve beaucoup de "ss" et de "sss", c'est pas des fautes d'aurthograf hein ! [/HRP]